La Russie multiplie les crimes de guerre en Ukraine
Dans un nouveau rapport dévoilé vendredi à Genève, les enquêteurs onusiens font état de nouvelles preuves de violations des droits humains internationaux commises par la Russie en Ukraine.
Plusieurs nouvelles preuves d’abus « horribles, généralisés et systématiques » et de probables crimes de guerre commis par les forces russes à l’encontre de civils et de détenus militaires en Ukraine sont apparues vendredi dans un nouveau rapport d’enquêteurs indépendants des Nations Unies.
« J’ai perdu tout espoir et toute volonté de vivre », a déclaré à la Commission d’enquête un soldat ukrainien et ancien prisonnier de guerre, décrivant comment il avait été « soumis à des tortures répétées et laissé avec des os brisés, des dents cassées et la gangrène » sur un pied blessé. Après avoir tenté de se suicider dans une prison de Toula, au sud de Moscou, le soldat a raconté comment ses geôliers l’ont « soumis à de nouveaux passages à tabac », a déclaré Erik Mose, Président de la Commission.
« Les récits des victimes font état de traitements implacables et brutaux infligeant des douleurs et des souffrances intenses au cours d’une détention prolongée, dans un mépris flagrant de la dignité humaine. Cela a entraîné des traumatismes physiques et mentaux durables », a affirmé M. Mose, lors d’un point de presse à Genève.
Un soldat ukrainien, qui a été détenu et torturé par les autorités russes dans plusieurs centres de détention, a ainsi raconté son expérience dans le centre correctionnel n° 1, de la ville de Donskoï.
Par ailleurs, les témoignages de viols et d’autres agressions sexuelles à l’encontre des femmes « constituent également des actes de torture », ont affirmé les enquêteurs indépendants onusiens, qui ont également fait état de menaces de viol à l’encontre de prisonniers de guerre de sexe masculin et de l’utilisation de décharges électriques destinées à blesser ou à humilier les détenus.
Les témoignages de 816 personnes ont servi de base aux rapports du groupe d’experts de mars 2023 à mars 2024. Il se concentre sur le siège et le bombardement aveugle de Marioupol au début de l’invasion, le recours à la torture et au viol contre des civils, des prisonniers de guerre et des collaborateurs présumés, le transfert illégal de 46 enfants d’un centre de soins de Kherson vers la Crimée en octobre 2022, ainsi que la destruction et la détérioration de trésors culturels protégés.
« Les preuves montrent que les autorités russes ont commis des violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international, ainsi que les crimes de guerre correspondants », a déclaré Vrinda Grover, membre de la Commission d’enquête. « Des enquêtes complémentaires sont nécessaires pour déterminer si certaines des situations identifiées peuvent constituer des crimes contre l’humanité ».
Confirmant que les enquêteurs restaient profondément préoccupés par les allégations d’intention génocidaire de la part des forces d’invasion, Mme Grover a déclaré qu’ils allaient « examiner plus avant » les « incitations directes et publiques à commettre un génocide » par les médias russes.
« Nous avons examiné un grand nombre de déclarations de ce type et avons constaté que beaucoup d’entre elles utilisaient un langage déshumanisant et appelaient à la haine, à la violence et à la destruction », a-t-elle fait valoir. « Nous sommes également préoccupés par les déclarations soutenant l’invasion russe à grande échelle de l’Ukraine et appelant au meurtre d’un grand nombre de personnes ».