CPJ : 81 % des meurtres de journalistes dans le monde au cours des 10 dernières années sont restés impunis
Au cours de la dernière décennie, 226 des 278 journalistes tués dans un amalgame complexe de corruption, de crime organisé, de groupes extrémistes et de représailles gouvernementales, ont été assassinés en toute impunité, selon l’Indice mondial de l’impunité 2021 du Comité pour la protection des journalistes, publié aujourd’hui.
L’indice annuel met en lumière les pays où des journalistes sont assassinés et où leurs meurtriers sont en liberté.
« Lorsque la justice est soumise à la corruption et aux querelles de pouvoir politique, ces forces réduisent au silence les journalistes et les histoires critiques qu’ils racontent », a déclaré Gypsy Guillén Kaiser, directrice du plaidoyer et de la communication du CPJ. « Il est impératif que les autorités enquêtent à fond sur ces crimes et mettent fin à la censure par le meurtre. Cette tâche ne peut être laissée aux familles, aux collègues et aux groupes de la société civile qui cherchent inlassablement à obtenir justice. »
L’Indice montre peu de changement par rapport à 2020, la Somalie restant le pire pays pour l’impunité des meurtres de journalistes pour la septième année. Elle est suivie par la Syrie, l’Irak et le Soudan du Sud. Illustrant le manque durable de responsabilité, sept des pays de la liste sont apparus chaque année. Dans 81 % de tous les cas figurant dans l’Indice, le CPJ a enregistré une impunité totale.
Dans des pays comme le Mexique, qui est toujours resté le pays le plus meurtrier pour les journalistes dans l’hémisphère occidental, il y a eu quelques condamnations importantes dans les cas des journalistes Javier Valdez Cárdenas et Miroslava Breach Velducea. Cependant, les attaques se sont poursuivies sans relâche. On compte au moins trois assassinats jusqu’à présent en 2021, signe effrayant de la façon dont le meurtre peut étouffer l’environnement de la liberté de la presse.
Si l’Indice reflète certains des pays les plus dangereux pour les journalistes, il n’englobe pas toute l’étendue des menaces pesant sur la liberté de la presse, de l’emprisonnement à la surveillance, en passant par les agressions physiques. Par exemple, la place de l’Afghanistan dans l’Indice n’a pas changé, alors que son paysage médiatique dynamique a été décimé depuis que les talibans ont pris le contrôle du pays pendant le retrait des États-Unis. À mesure que le système judiciaire afghan s’effondre, la perspective d’une justice pour les 17 journalistes tués au cours des dix dernières années s’éloigne de plus en plus.
Le CPJ reste fermement résolu à obtenir justice pour les journalistes et à faire en sorte que les familles et les collègues obtiennent les réponses qu’ils méritent. Dans une étape importante, le CPJ et ses partenaires, dans le cadre d’Un monde plus sûr pour la vérité, accueilleront un tribunal populaire permanent pour tenir les gouvernements responsables du meurtre de journalistes, en délivrant des actes d’accusation au Mexique, au Sri Lanka et en Syrie. L’audience d’ouverture aura lieu le 2 novembre, coïncidant avec la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes. Pour en savoir plus et répondre à l’invitation, cliquez ici.
L’Indice mondial de l’impunité du CPJ calcule le nombre de meurtres de journalistes non résolus en pourcentage de la population. L’Indice 2021 examine les meurtres de journalistes survenus entre le 1er septembre 2011 et le 31 août 2021.
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