Guerre en Ukraine : Au moins, 6.322 civils tués et 9.634 autres blessés depuis le début de l’invasion russe le 24 février 2022
Durant une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU sur la situation en Ukraine, deux hautes responsables des Nations Unies ont mis en garde vendredi contre l’escalade militaire dangereuse et rappelé les souffrances des civils.
Elles ont réclamé le libre passage pour le personnel humanitaire et une priorité au déminage et à l’aide psychosociale pour des populations traumatisées.
La situation des civils en Ukraine demeure catastrophique, a déclaré la cheffe des affaires politiques de l’ONU, Rosemary DiCarlo, citant les 6.322 civils tués et 9.634 autres blessés qui ont été enregistrés depuis le début de l’invasion russe le 24 février 2022. « Les chiffres réels sont probablement considérablement plus élevés », a-t-elle ajouté.
Elle a rappelé que les attaques russes lancées le 10 octobre sur des villes et leurs infrastructures de première nécessité ont causé ce jour-là la mort de 20 civils et fait plus d’une centaine de blessés à Kyïv, Dnipro et Zaporijjia. 38 autres décès de civils et 117 blessés ont été dénombrés depuis cette date à la suite d’attaques de missiles et de drones par la Russie.
La Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques a souligné l’inquiétude de l’ONU à la suite des bombardements qui ont touché 30% des centrales électriques du pays depuis le 10 octobre particulièrement à Kyïv, Dnipropetrovsk, Lviv, Kharkiv et Sumy, exposant la population, au moment où les prix du gaz et du charbon montent en flèche, à des conditions extrêmes, voire létales, durant l’hiver qui approche.
« Soyons clairs : en vertu du droit international humanitaire, les attaques visant des civils et des infrastructures civiles sont interdites », a martelé Mme DiCarlo. « Il en va de même pour les attaques contre des objectifs militaires qui risquent de causer aux civils des dommages excessifs par rapport à l’avantage militaire concret et direct attendu ».
Rappelant le soutien de l’ONU à tous les efforts pour établir les responsabilités, elle a demandé instamment que le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) bénéficie d’un accès complet à toutes les zones de l’Ukraine et rappelé qu’au vu du rapport de la Commission d’enquête internationale indépendante sur l’Ukraine déposé cette semaine, il existe des motifs raisonnables de conclure que des crimes de guerre et des violations des droits humains et du droit humanitaire international ont été commis, dans leur grande majorité par les troupes russes en Ukraine, depuis le 24 février.
Ces crimes et abus incluent l’usage d’armes explosives à large rayon d’action dans des zones habitées qui ont blessé des civils en grand nombre et dévasté des quartiers entiers, ainsi que le recours aux exécutions sommaires, aux détentions illégales, à la torture, aux mauvais traitements et aux violences sexuelles par les forces armées russes.
« L’impact de ces violations sur la population ukrainienne est immense, tout comme la nécessité de rendre des comptes. À cet égard, la Commission a appelé à une bonne coordination des multiples initiatives nationales et internationales de reddition des comptes en Ukraine. L’obligation de rendre des comptes reste cruciale alors que de nouvelles allégations d’atrocités ont émergé dans des zones qui sont récemment revenues sous le contrôle du gouvernement ukrainien. Nous ne devons pas laisser l’impunité prévaloir », a-t-elle assuré.
Mme DiCarlo a néanmoins salué l’annonce, lundi dernier, d’un échange de prisonniers de guerre entre l’Ukraine et la Russie durant lequel 110 captifs russes ont été échangés contre 108 Ukrainiens, qui pour la première fois étaient toutes des femmes, incluant des civiles, des militaires et des gardes-frontières.
Dans cet esprit constructif, elle a appelé une nouvelle fois la Russie à garantir l’accès du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) aux prisonniers, conformément au droit humanitaire international, et regretté que la mission de l’ONU chargée d’enquêter sur l’incident d’Olevnika du 29 juillet n’ait toujours pas été autorisée à se rendre sur les lieux.
De son côté, la Coordinatrice humanitaire des Nations Unies en Ukraine, Denise Brown, a déclaré devant les membres du Conseil de sécurité que « l’ampleur de la catastrophe humanitaire est stupéfiante ».
Elle a rappelé que près de 18 millions de personnes, soit plus de 40% de l’ensemble population ukrainienne a besoin d’aide humanitaire. Quelque 14 millions de personnes ont été forcées de fuir leur foyer, dont 6,2 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays et près de 7,7 millions de réfugiés.
Quant à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), elle dénombre plus de 630 attaques contre les établissement de santé, interdisant aux malades l’accès aux médicaments et aux traitements.
A l’approche des mois d’hiver, et vu la destruction des centrales fournissant de l’énergie, Mme Brown a décrit la priorité donnée par les organisations humanitaires et les autorités locales aux réparations des centres collectifs et des logements, ainsi qu’à la fourniture de couvertures, de matelas, de vêtements, de nourriture, de générateurs pour les hôpitaux, saluant particulièrement l’effort de plus de 590 partenaires humanitaires, d’organisations d’aide nationales et locales souvent dirigées par des femmes, qui a permis d’aider déjà 13 millions de personnes dans le pays.
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