HRW : La frappe d’un missile russe à Lviv serait un crime de guerre
Selon les experts de l’ONG Human Rights Watch, la frappe d’un missile russe à Lviv, survenue le 6 juillet, qui a tué dix civils et a blessé 48 autres civils, serait un crime de guerre.
« Bien que des cibles militaires ukrainiennes se trouvaient à proximité, cette utilisation d'une munition guidée comportant une ogive de large taille et hautement explosive contre un complexe d'appartements dans un quartier résidentiel devrait faire l'objet d'une enquête en tant que possible crime de guerre », ressort-il du communiqué publié sur le site de HRW.
Le 7 juillet, l'état-major des forces armées ukrainiennes a déclaré dans un communiqué que les forces russes avaient attaqué Lviv tôt le matin du 6 juillet, avec 10 missiles de croisière Kalibr, dont sept ont été abattus. Les habitants ont rapporté avoir entendu trois explosions. L’un des missiles russes a frappé un complexe résidentiel situé dans les environs de deux possibles cibles militaires ukrainiennes, à une distance respectivement de 270 mètres et de 290 mètres. Une porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a affirmé que les frappes russes menées a Lviv le 6 juillet n'avaient touché que des « cibles militaires légitimes », sans toutefois évoquer ni le complexe résidentiel, ni les victimes civiles.
« Lors de leur attaque menée contre Lviv le 6 juillet avec des missiles de croisière, les forces russes ont illégalement frappé, en violation des lois de la guerre, un large complexe résidentiel où de nombreux civils dormaient », a déclaré Yulia Gorbunova, chercheuse senior sur l'Ukraine à Human Rights Watch. « La prise pour cible d’objectifs militaires ukrainiens dans cette ville ne donne pas à la Russie carte blanche pour attaquer des bâtiments civils. »
Entre le 8 et le 17 juillet, Human Rights Watch a mené des entretiens avec des représentants des autorités locales de Lviv, des responsables militaires et des secouristes, ainsi qu’avec 22 habitants, y compris des personnes qui vivaient dans le complexe résidentiel frappé et dans des immeubles du quartier. Human Rights Watch a également analysé 29 vidéos et 232 photographies prises pendant l'attaque ou immédiatement après, et a examiné des images satellite pour corroborer l'ampleur des dégâts. Human Rights Watch a conclu que les deux autres missiles avaient très probablement touché une cible militaire, et que les ondes de choc provoquées par les détonations avaient endommagé de nombreux immeubles résidentiels du quartier.
Le 10 juillet, des responsables de l'administration de Lviv ont déclaré que l'attaque avait endommagé au moins 35 bâtiments, y compris 18 immeubles résidentiels dont les toits ont été touchés ; dans quatre cas, les dégâts ont été jugés irréparables.
Des chercheurs de Human Rights Watch ont visité le grand complexe résidentiel située à l'angle des rues Akademika Sakharova et Stryiska à Lviv, qui a été le site d'une frappe, et y a constaté les dommages causés. Des résidents locaux ont indiqué qu'environ 500 personnes vivaient dans ce complexe résidentiel, de forme trapézoïdale. Human Rights Watch a également observé les dommages causés à neuf autres immeubles résidentiels dans ce quartier, notamment aux toits et aux façades. Des dizaines de voitures garées à proximité ont également été endommagées.
Human Rights Watch n'a pas été en mesure de se rendre sur les sites des deux autres frappes, mais a conclu, sur la base d'images satellite, que les dommages aux bâtiments du quartier avaient probablement été causés par les ondes de choc provoquées par la détonation des trois missiles.
Les dommages causés au complexe d'appartements correspondaient aux effets d'une arme explosive de la taille et du contenu explosif d'un missile russe de la série Kalibr, a déclaré Human Rights Watch. Les missiles de croisière de la série Kalibr sont capables de faire détoner avec précision une ogive explosive de 400 à 500 kilogrammes sur des cibles situées à une longue distance du site de lancement. Cette arme moderne est guidée vers la cible par un système de radar actif, d'adaptation numérique du terrain et de navigation par satellite (Global Navigation Satellite System, GLONASS).
Les lois de la guerre applicables au conflit armé international en Ukraine interdisent les attaques délibérées contre des civils et des structures civiles, ainsi que les attaques qui ne font pas de distinction entre combattants et civils, y compris les attaques non dirigées contre un objectif militaire spécifique. Les bombardements menés contre une ville ou un village où vivent des civils et où sont situés des biens de caractère civil, et lors desquels plusieurs objectifs militaires clairement séparés et distincts sont traités comme un objectif militaire unique, sont également considérées comme des attaques indiscriminées.