Selon les humanitaires, plus de 8 millions de femmes et de filles en Ukraine auront besoin d’une aide en 2024
Les femmes ukrainiennes sont confrontées à des difficultés croissantes pour accéder à la sécurité, à la justice, aux services sociaux, aux services de santé mentale, sexuelle et reproductive, à l'emploi et à d'autres services essentiels. 72% des personnes inscrites au chômage sont des femmes. La guerre a également accru les risques de violence basée sur le genre, notamment la violence sexuelle liée au conflit, la traite des êtres humains et la violence conjugale.
« Alors que les femmes continuent de subir les conséquences de la guerre en Ukraine, elles ont besoin de soutien, de sécurité et, surtout, de paix. Leur résilience a été durable et remarquable. Je réitère la solidarité et l'admiration d'ONU Femmes pour chaque femme en Ukraine qui soutient sa famille, sa communauté et son pays, que ce soit en fournissant une aide humanitaire ou en contribuant au redressement et à la reconstruction », a souligné Sabine Freizer Gunes, Représentante d'ONU Femmes en Ukraine.
Reddition des comptes
De son côté, une experte des Nations Unies a appelé, jeudi, à une reddition des comptes face aux nombreuses victimes tant en Ukraine qu’à l’intérieur même de la Russie, où il y a également une intensification de la répression des droits civils et politiques.
Selon la Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme dans la Fédération de Russie, le gouvernement russe a notamment commis des crimes contre des civils ukrainiens, y compris des enfants, qui ont été enlevés et déportés en Russie. « J’ai reçu des informations faisant état de disparitions forcées, de tortures et de mauvais traitements infligés à ces civils ukrainiens détenus par les autorités russes », a déclaré dans un communiqué, Mariana Katzarova.
Elle a appelé à la responsabilité et à la solidarité avec toutes les victimes de la guerre, y compris les activistes russes.
Répression à l’intérieur de la Russie
« Tous les crimes commis en Ukraine pendant la guerre doivent faire l’objet d’une enquête, et chaque victime doit recevoir la justice qu’elle mérite en voyant les auteurs de ces crimes répondre de leurs actes », a-t-elle insisté.
L’experte indépendante onusienne appelle la communauté internationale à se montrer solidaire de toutes les victimes de la guerre contre l’Ukraine, y compris les courageux défenseurs des droits de l’homme, journalistes et militants russes qui continuent de s’opposer courageusement à la guerre malgré les intimidations, les persécutions, les longues peines d’emprisonnement et même la mort.
D’autant que l’invasion de l’Ukraine a mis en évidence le lien étroit entre l’agression à l’étranger et la répression à l’intérieur du pays. La guerre déclenchée contre le peuple ukrainien voisin a, dans le même temps, déclenché une guerre contre les Russes à l’intérieur du pays. « Il n’y a plus d’espace sûr pour l’action civique ou l’opposition politique en Russie », a-t-elle regretté.
Libérer les prisonniers politiques
Au cours des deux dernières années, le gouvernement russe a considérablement érodé les protections des droits de l’homme et réduit au silence la société civile, les médias indépendants et toute expression anti-guerre.
Face à cette politique répressive, l’experte indépendante onusienne exhorte Moscou à libérer immédiatement et sans condition tous les prisonniers politiques, y compris Vladimir Kara-Murza, Alexey Gorinov, Ilya Yashin et bien d’autres, dont la santé et la vie sont gravement menacées.
Par ailleurs, malgré l’existence d’une loi autorisant un service civil alternatif pour les conscrits de l’armée russe, le gouvernement russe a refusé aux hommes le droit à l’objection de conscience pour combattre dans la guerre. Beaucoup ont été mobilisés par la force ou la tromperie, ou en exploitant leur vulnérabilité due à la pauvreté.
« La mobilisation a été particulièrement agressive dans les régions les plus reculées et les plus pauvres de Russie, en enrôlant de manière disproportionnée des hommes issus de groupes ethniques et de peuples autochtones », a fait valoir la Rapporteure spéciale.