Guerre en Ukraine. L'essentiel de l'actu : jour 36

Au 36e jour de l'invasion russe en Ukraine, un faible espoir ressurgit pour les habitants de Marioupol : Russie a annoncé un cessez-le feu à Marioupol pour évacuer des civils, la Croix Rouge se dit prête à procéder à une évacuation le 1er avril. Parallèlement, l’Ukraine se prépare à de nouveaux combats dans la région du Donbass.

Militaire :

  • Les forces russes commencent à se retirer du site nucléaire de Tchornobyl, dont elles avaient pris le contrôle dès le premier jour de l'invasion de l'Ukraine le 24 février, a indiqué un haut responsable du Pentagone.
  • Selon le ministère ukrainien de l’Intérieure, l’armée russe tente de prendre le contrôle de Marioupol, Sievierodonetsk, Lyssytchansk et Roubizhne, dans le Donbass, ainsi que de la ville d’Izum, région de Kharkiv, pour continuent de mener des attaques contre les troupes ukrainiennes.
  • De nouvelles attaques massives sont redoutées dans l'est et le sud de l'Ukraine, selon l’armée ukrainienne, mais aussi dans la région de Kharkiv ou l'armée russe continue son blocus, « menant des tirs d'artillerie dans la ville ».  Dans la direction de Donetsk, l'armée russe tente de prendre le contrôle de Popasna, Rubizhne, et de s'emparer de Marioupol  où « l'occupant continue de mener des attaques », selon la même source.
  • Un conseiller du ministre ukrainien de l'Intérieur, Vadym Denysenko, a déclaré que « les Russes ont commencé à utiliser l'aéroport de Brest, au Belarus, pour bombarder nos territoires ».
  • Toujours dans l'Est de l'Ukraine, l'armée ukrainienne a repris le contrôle d'une autoroute stratégique reliant Kharkiv à Tchougouïv.
  • L’état-majeur ukrainien confirme le retrait partiel des troupes russes du territoire des régions de Kyiv et de Tchernihiv.
  • En revanche, selon les responsables de l’OTAN, les forces russes « ne se retirent pas, mais se repositionnent » en Ukraine, et l’OTAN s’attend à des « offensives supplémentaires » de la part de Moscou, a déclaré jeudi le secrétaire général de l’Alliance, Jens Stoltenberg. Selon lui, la Russie « essaie de renforcer son offensive sur la région du Donbass » et « maintient la pression sur Kyiv et d’autres villes ».
  • Jeremy Fleming, directeur du «Government Communications Headquarters», les «oreilles» des services du renseignement britanniques, a déclaré jeudi 31 mars que de nouveaux renseignements montraient que des soldats russes déployés en Ukraine avaient refusé d'exécuter des ordres et saboté leur équipement.
  • Hier, dans la soirée, les troupes russes ont lancé des frappes de missiles sur la région de Dnipropetrovsk, rapporte la gouvernance de la région. Dans la ville de Dnipro, deux missiles russes ont détruit un dépôt de pétrole, le troisième a touché deux camions de carburant. Dans la ville de Novomoskovsk, un missile russe a frappé une usine.

Crimes de guerre :

  • La mairie de Marioupol a dénoncé mercredi l'évacuation forcée vers la Russie des femmes et du personnel médical de cette ville assiégée dans le Sud-Est de l'Ukraine où une autre maternité avait été bombardée par les Russes le 9 mars.
  • Une personne a été tuée et quatre blessées dans des tirs sur un convoi de cinq bus amenant des volontaires vers la ville assiégée de Tchernihiv, dans le nord de l'Ukraine, a annoncé jeudi une responsable ukrainienne.
  • Une femme et son enfant ont été tués par une frappe russe dans le village de Slobozhanske, région de Kharkiv, rapporte le Parquet général  régional.
  • Les forces armées russes ont utilisé des armes à sous-munitions dans des zones peuplées de l'Ukraine au moins deux douzaines de fois depuis leur invasion le 24 février, a déclaré Michelle Bachelet, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.
  • Hier, les troupes russes ont bombardé des locaux de la Croix-Rouge à Marioupol, a informé la chargée des droits humains auprès du Parlement ukrainien, Lyudmyla Denyssova sur le réseau social Telegram.
  • Dans la nuit du 30 au 31 mars, onze civils, dont quatre enfants, ont été blessés dans la région de Donetsk par des bombes au phosphore, larguées par les troupes russes.

Crise humanitaire :

  • Le Comité international de la Croix Rouge s'est dit prêt « à dirige » les opérations d'évacuation des civils assiégés dans la ville de Marioupol à partir de vendredi à condition d'avoir les garanties nécessaires, selon un communiqué de l'organisation.
  • La Russie a promis un nouveau cessez-le-feu local à Marioupol pour évacuer des civils. Environ 160.000 civils y seraient encore bloqués. « Pour que cette opération humanitaire réussisse, nous proposons de la mener avec la participation directe de représentants du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés et du Comité international de la Croix-Rouge », a noté le ministère de la Défense russe dans un communiqué.
  • En revanche, la vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk estime qu’il s’agirait d'une « manipulation » supplémentaire de la part de la Russie, mais a tout de même annoncé ce jeudi matin l'envoi de 45 bus pour évacuer des civils depuis Marioupol. « Cette nuit, nous avons été informés par le Comité international de la Croix Rouge que la Russie était prête à ouvrir l'accès aux convois humanitaires depuis Marioupol », en direction de la ville de Zaporijjya, via Berdiansk, a déclaré la vice-Première ministre ukrainienne dans une vidéo postée sur Telegram.
  • Environ 40.000 réfugiés ukrainiens sont venus s'ajouter ces dernières 24 heures aux plus de quatre millions qui ont déjà fui leur pays depuis l'invasion russe. Depuis le 22 mars, le flux de réfugiés s'est nettement ralenti, aux alentours de 40.000 passages quotidiens. « Nous sommes confrontés aux réalités d'une crise humanitaire massive qui ne fait que croître chaque seconde», a souligné le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU, qui estime à presque 6,5 millions le nombre de déplacés à l'intérieur du pays. Selon UNICEF, deux millions d'enfants ukrainiens ont été contraints de fuir leur pays. 

Politique :

  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé jeudi aux Pays-Bas d'être prêts à boycotter l'énergie russe lors d'un discours devant le Parlement néerlandais. «Soyez prêts à arrêter les exportations d'énergie en provenance de Russie pour ne pas payer des milliards pour la guerre», a-t-il dit lors d'une intervention en visioconférence.
  • Lors d'un entretien à Varsovie, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba et le président polonais Andrzej Duda ont discuté de la défense et du soutien à l'Ukraine.
  • Le ministre des affaires étrangères turc, Mevlüt Cavusoglu, a annoncé jeudi qu’une nouvelle rencontre entre ses homologues russe (Sergueï Lavrov) et ukrainien (Dmytro Kuleba) pourrait avoir lieu « d’ici une ou deux semaines ». La Turquie pourrait accueillir cette rencontre, pour laquelle aucune date n’a été fixée.
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est adressé aujourd’hui par liaison vidéo au Parlement belge. Dans son discours, il a évoqué la tragédie de Marioupol et a remercié la Belgique pour son soutien.
  • Selon les services de renseignements américain et britannique, le président russe Vladimir Poutine est « mal informé » sur le conflit, en froid avec son état-major et entouré de conseillers craignant de lui dire la vérité. « Nous avons des informations selon lesquelles Poutine estime que l'armée russe l'a induit en erreur, ce qui a causé une tension persistante entre lui et son état-major », a déclaré la directrice de la communication de l'exécutif américain, Kate Bedingfield, lors d'une conférence de presse. « Nous pensons que Poutine est mal informé (...) sur les mauvaises performances de l'armée russe et sur la sévérité de l'impact des sanctions sur l'économie russe parce que ses hauts conseillers ont peur de lui dire la vérité », a-t-elle encore déclaré.

Économie :

  • L'invasion russe risque de diviser par deux la récolte de céréales en Ukraine, cruciale pour l'alimentation mondiale, a prévenu le ministre ukrainien de l'Agriculture dans un entretien à l'AFP. Si l'Ukraine a récolté l'année dernière 106 millions de tonnes de céréales, un record absolu, cette année le chiffre sera «de 25% à 50%» inférieur, prédit le ministre Mykola Solsky. «Et encore, c'est un pronostic optimiste».
  • L'Allemagne et la France disent se « préparer » à un potentiel arrêt des importations de gaz russe, alors que Moscou exige, à partir du 1er avril, un paiement en roubles des livraisons, ce que les Européens refusent, a déclaré jeudi le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire, à Berlin. « Il peut y avoir une situation dans laquelle demain, dans des circonstances très particulières, il n'y aura plus de gaz russe (...) c'est à nous de préparer ces scénarios-là, et nous les préparons », a-t-il détaillé, lors d'une conférence de presse avec le ministre allemand de l'Économie, Robert Habeck.

Société :

  • «Non à la guerre», «Stop à l'approvisionnement de la guerre»... Greenpeace a organisé une action en mer, ce jeudi, sur la route d'un navire pétrolier venu de Russie et à destinations de ports européens. Les militants étaient immergés dans l'eau avec plusieurs pancartes, alors que l'ONG demande à l'Europe la fin de tous les échanges d'énergies fossiles avec la Russie.
  • Quelque 83% des Russes approuvent l'action de Vladimir Poutine, gagnant douze points par rapport à février, selon l'enquête publiée jeudi par l'institut russe indépendant Levada dont c'est le premier sondage depuis le début de l'offensive en Ukraine. Seuls 15% des Russes disent ne pas approuver l'action du président (-12% en un mois) et 2% sont sans opinion. Le Premier ministre Mikhaïl Michoustine gagne lui 11 points (71%, contre 60% en février) et le gouvernement 15 points (70% contre 55% en février).
  • Le quotidien britannique The Guardian a dévoilé sa couverture intitulé « Cauchemar de Marioupol », dessinée par une artiste ukrainienne Macha Foya.

Sanctions :

  • Le gouvernement britannique a annoncé quatorze nouvelles sanctions visant des « propagandistes et médias d’Etat » russes, dont les propriétaires de RT et Sputnik, pour contrer les « mensonges » du Kremlin.
  • La Russie a annoncé jeudi interdire l’entrée sur son territoire aux dirigeants européens et à la majorité des eurodéputés, en réaction aux mesures punitives visant Moscou pour son intervention militaire en Ukraine.

eh