Guerre en Ukraine : le droit international humanitaire semble avoir été mis de côté
L'invasion russe, il y a près de deux mois, a plongé l'Ukraine dans une crise humanitaire et des droits de l'homme qui a dévasté la vie des civils dans tout le pays et au-delà, a déclaré vendredi la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet.
Elle a appelé toutes les parties à respecter le droit international des droits de l'homme et le droit international humanitaire, en particulier les règles régissant la conduite des hostilités. « Au cours de ces huit semaines, le droit international humanitaire n'a pas seulement été ignoré, mais apparemment mis de côté », a déclaré Mme Bachelet.
Les forces armées russes ont bombardé et pilonné sans discernement des zones peuplées, tuant des civils et détruisant des hôpitaux, des écoles et d'autres infrastructures civiles, des actions qui peuvent être assimilées à des crimes de guerre.
« Ce que nous avons vu à Kramatorsk, contrôlée par le gouvernement, le 8 avril, lorsque des sous-munitions à fragmentation ont frappé la gare ferroviaire, tuant 60 civils et en blessant 111 autres, est emblématique du non-respect du principe de distinction, de l'interdiction des attaques indiscriminées et du principe de précaution inscrits dans le droit humanitaire international », a déclaré Mme Bachelet.
Du 24 février au 20 avril, la HRMMU a documenté et vérifié 5.264 victimes civiles – 2.345 tués et 2 919 blessés. Sur ce total, 92,3 % (2.266 tués et 2.593 blessés) ont été enregistrés dans le territoire contrôlé par le gouvernement. Quelques 7,7 % des victimes (79 morts et 326 blessés) ont été enregistrées dans les régions de Donetsk et de Louhansk contrôlées par les forces armées russes et les groupes armés affiliés.
« Nous savons que les chiffres réels seront beaucoup plus élevés à mesure que les horreurs infligées dans les zones de combats intenses, comme Marioupol, seront révélées », a déclaré la cheffe des droits de l'homme de l'ONU.
Détention des civils, exécutions sommaires et violations sexuelles
« L'ampleur des exécutions sommaires de civils dans les zones précédemment occupées par les forces russes apparaît également. La préservation des preuves et le traitement décent des dépouilles mortelles doivent être assurés, ainsi que l'aide psychologique et autre aux victimes et à leurs proches », a ajouté Mme Bachelet.
Au cours d'une mission à Boutcha le 9 avril, les spécialistes des droits de l'homme de l'ONU ont documenté le meurtre illégal, y compris par exécution sommaire, de quelques 50 civils.
« Presque tous les habitants de Boutcha auxquels nos collègues ont parlé nous ont parlé de la mort d'un parent, d'un voisin ou même d'un étranger. Nous savons qu'il reste beaucoup à faire pour faire la lumière sur ce qui s'est passé là-bas et nous savons aussi que Boutcha n'est pas un incident isolé », a déclaré la Haut-Commissaire.
Le HRMMU a reçu plus de 300 allégations de meurtres de civils dans des villes des régions de Kyiv, Tchernihiv, Kharkiv et Soumy, toutes sous le contrôle des forces armées russes, fin février et début mars.
Les allégations de violence sexuelle contre des femmes, des hommes, des filles et des garçons par des membres des forces armées russes en Ukraine font de plus en plus surface. Le HRMMU a reçu 75 allégations, dont la majorité de la région de Kyïv. Il examine chaque allégation, bien que cela reste un défi car les survivants peuvent ne pas vouloir ou pouvoir être interrogés.
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