Guerre en Ukraine : Plus de 10.000 civils morts depuis le 24 février 2022

Un « tournant historique » a été atteint dans la guerre en Ukraine avec la mort de plus de 10.000 civils, a déclaré un haut responsable des Nations Unies ce mardi devant le Conseil de sécurité, lors d’une réunion où l’impact profond de la guerre sur la sécurité alimentaire mondiale a aussi été évoqué.

Le bilan humain de cette guerre, confirmé par le Bureau du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), risque encore de s’alourdir, s’est alarmé devant les délégations Miroslav Jenča, Sous-Secrétaire général du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et des opérations de paix.

Il a ainsi évoqué des signes d’escalade à l’approche de l’hiver, par exemple des attaques contre les infrastructures civiles, ainsi que des offensives aériennes russes « semant la mort et la destruction » et des récents tirs de missiles et d’attaques de drones sur Kyïv. Le haut responsable a aussi partagé ses préoccupations quant au risque d’escalade en mer Noire et des conséquences qu’aurait un incident militaire dans cette zone.

Frappes de drones et coupures d’électricité

Dénonçant les attaques contre des infrastructures énergétiques alors que l’hiver arrive, il a rappelé que des frappes de drones ont récemment provoqué des coupures d’électricité dans plus de 400 villes et villages ukrainiens.

Le plan de riposte développé par les Nations Unies en collaboration avec les autorités ukrainiennes a permis la distribution d’une aide hivernale à plus de 360.000 personnes mais il manque encore 430 millions de dollars pour effectuer des réparations et fournir des vêtements adaptés. Surtout, ce plan n’est à ce jour financé qu’à 54%, s’est-il alarmé.

Les agences de l’ONU ont apporté leur aide à plus de 10 millions de personnes cette année, mais plus de 4 millions d’Ukrainiens dans le besoin demeurent hors d’atteinte dans les zones sous contrôle russe des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia. Les partenaires humanitaires sont prêts à élargir leur action dans ces zones, « à la condition d’obtenir un accès », a expliqué M. Jenča.

Une calamité agricole

Chaque année avant le début de l'invasion de grande ampleur de l'Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, le pays « nourrissait » 400 millions de personnes dans le monde. Or, à présent, les enquêtes du Programme alimentaire mondial (PAM) révèlent que dans 80% des districts proches de la ligne de front, l’accès de la population à la nourriture est entravé, a relevé le Représentant du PAM en Ukraine, Matthew Hollingworth, qui s’exprimait par vidéoconférence.

Du fait des hostilités, les Ukrainiens sont privés d’accès aux marchés pour acheter de quoi manger, et les agriculteurs ont signalé qu’ils ne pouvaient plus produire de nourriture.

M. Hollingworth a jugé paradoxal que, dans l’un des plus grands greniers à blé du monde, des centaines de milliers de personnes vivant à proximité des hostilités dépendent désormais de l’aide alimentaire humanitaire, sans aucun autre moyen de faire face.

Le problème des champs minés, et donc incultivables, se généralise : environ 30% du territoire ukrainien a été touché, « potentiellement contaminé par des vestiges de guerre », dont 25.000 kilomètres carrés de terres agricoles parmi les plus productives.

Autre constat alarmant du Représentant du PAM : depuis la mi-juillet, 31 attaques ont été recensées visant des installations essentielles pour la production et l’exportation de céréales.  Toute sauf trois ont eu lieu dans le seul oblast d’Odessa, où se trouvent les ports de la mer Noire et du Danube, fondamentaux pour le commerce mondial.

Si les attaques se poursuivent, l’impact sera considérable. Dans le pire des cas, la production de blé ne sera pas en mesure de répondre à la demande intérieure et à la demande d’exportation.  M. Hollingworth a rappelé que l’Ukraine représentait 9% des exportations mondiales de blé, 15% des exportations de maïs et 44% des exportations d’huile de tournesol avant février 2022.