L’Assemblée générale de l’ONU exige que la Fédération de Russie se retire de la centrale nucléaire de Zaporijjia

L’Assemblée générale de l’ONU a adopté cette semaine, malgré les réserves de certaines délégations, une résolution par laquelle elle exige que la Fédération de Russie retire « d’urgence » ses militaires et autres personnels non autorisés de la centrale nucléaire de Zaporijjia et remette « immédiatement » son contrôle aux autorités de l’Ukraine afin d’en garantir la sûreté et la sécurité. 

Elle a également approuvé la participation des organisations non gouvernementales au Sommet de l’avenir et conclu son débat sur la responsabilité de protéger.

Selon un communiqué publié sur le site de l’ONU, la résolution précitée a été adoptée par 99 voix pour, 9 contre –Bélarus, Burundi, Cuba, Érythrée, Fédération de Russie, Mali, Nicaragua, République populaire démocratique de Corée et Syrie– et 60 abstentions.  Présenté par l’Ukraine, ce texte demande aussi à la Russie, en attendant la remise du contrôle de la centrale aux autorités ukrainiennes, de fournir à la Mission d’appui et d’assistance de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à Zaporijjia un accès rapide et complet à toutes les zones de la centrale.

L’Assemblée demande par ailleurs à toutes les parties au conflit armé de mettre pleinement en œuvre les « sept piliers indispensables pour assurer la sûreté et la sécurité nucléaires dans un conflit armé » et les cinq principes concrets énoncés par le Directeur général de l’AIEA.  Enfin, elle demande instamment à la Fédération de Russie de retirer immédiatement toutes les mines antipersonnel placées le long du périmètre de la centrale nucléaire de Zaporijjia.

Avant le vote, le représentant russe a dénoncé un projet de résolution « provocateur » qui vise à donner la bénédiction de l’Assemblée générale au document final de la réunion de Bürgenstock en Suisse et à promouvoir le point de vue occidental sur les menaces qui pèsent sur les installations nucléaires en Ukraine.  Ces questions devraient être discutées à Vienne sous les auspices de l’AIEA, a-t-il déclaré.

Le délégué russe a par ailleurs accusé l’Ukraine d’attaquer régulièrement la centrale, la dernière attaque remontant au 7 avril de cette année.  L’AIEA n’a pas soutenu le document final de Bürgenstock, a indiqué le représentant, en dénonçant le manque de transparence dans l’élaboration de ce texte.  « Les propositions d’un grand nombre de délégations ont en effet été écartées. »

Même son de cloche du côté de la Syrie qui, après le vote, a dénoncé un texte politisé et unilatéral, rédigé dans la précipitation.  Le processus de consultation autour de ce texte a été hâtif, a reconnu le Mexique, tandis que Cuba a regretté un manque de transparence. Ce projet a fini par diluer la question centrale de la sûreté nucléaire et de la prévention de tout accident atomique partout dans le monde, a tranché Cuba.

L’Afrique du Sud a, elle aussi, estimé que ce texte risque de politiser cette question technique qu’est la sûreté nucléaire, tandis que le Ghana a déclaré que ce texte ne sert pas nécessairement l’objectif de paix en Ukraine. Une position partagée par la Chine qui a exprimé de réelles réserves par rapport à ce texte.  Le Qatar a appelé les parties à régler leurs différends par le dialogue, avant de proposer ses bons offices afin de trouver une issue à la crise.

Enfin, par la décision (A/78/L.89), l’Assemblée a approuvé la participation au Sommet de l’avenir d’une liste d’organisations non gouvernementales (ONG), organisations de la société civile, établissements universitaires et entités du secteur privé. Dans un amendement présenté par les États-Unis, et adopté par 62 voix pour, 16 contre et 53 abstentions, (A/78/L.91), d’autres organisations ont été ajoutées à cette liste.

Avant le vote, plusieurs délégations ont critiqué cet amendement.  Le Viet Nam a regretté que sur cette liste figure des ONG menant des activités hostiles contre des États Membres.  Le Yémen a refusé la participation d’ONG yéménites qui ne respectent pas leurs obligations en vertu de leur statut consultatif auprès des Nations Unies.  « Certaines de ces ONG travaillent même avec des milices », a déploré le Yémen.

Exprimant son intention de voter pour cet amendement, le Royaume-Uni a regretté le recours par certains États au principe de l’approbation tacite qui n’est plus la norme à l’ONU.  Le Mexique a souligné l’importance de la participation des ONG au Sommet de l’avenir. « Les objections de certaines délégations contre la participation des ONG n’ont pas été toujours expliquées y compris contre une ONG mexicaine qui ignore les raisons de son exclusion du Sommet de l’avenir », a regretté le Mexique.

Après le vote, le Togo a exprimé ses réserves quant à la participation de deux ONG, tandis que Cuba a estimé que cet amendement contribue à la politisation des travaux de l’ONU.  La République islamique d’Iran a également critiqué cet amendement, tandis que la Türkiye a estimé que certaines ONG s’engagent dans des activités politiques contre certains États Membres.

En début de séance, l’Assemblée a conclu le débat, commencé le 1er juillet, sur la responsabilité de protéger et la prévention du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité.  L’Iran a remarqué qu’il n’existe pas de consensus sur la portée et l’application de ce principe.  Un concept controversé qui ne reflète pas le droit international coutumier, selon la Syrie.  Le délégué ukrainien a, lui, brandi le QR code grâce auquel on peut accéder aux vidéos montrant les dégâts occasionnés par la récente attaque russe contre un hôpital pour enfants à Kyïv.