Guerre en Ukraine : près de 2 000 attaques contre des centres de soin ont été recensées par l'OMS depuis février 2022
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé 1 940 attaques contre des centres de soin en Ukraine depuis le début de l’invasion russe en février 2022.
« C'est le nombre le plus élevé jamais enregistré par l'Organisation mondiale de la santé [OMS] dans une situation d'urgence humanitaire à l'échelle mondiale », a relevé dans un communiqué la branche européenne de l'OMS. Les attaques contre les centres de soin, qui s'intensifient depuis décembre 2023, sont de plus en plus dangereuses, a noté l'organisation onusienne.
Selon les données de l’OMS, l'année dernière, 24 décès d'agents de santé et de patients ont été documentés, mais au cours des 7,5 premiers mois de 2024, 34 personnes au total sont décédées à la suite d'attaques contre les services de soins en Ukraine. En tout, 166 personnes sont mortes et 514 ont été blessées dans ces attaques depuis le début du conflit.
Le département indique également que l'accès aux soins médicaux pour les citoyens vivant à proximité de la ligne de front est largement limité en raison du risque accru de bombardements. Depuis février 2022, 200 ambulances en moyenne ont été endommagées ou détruites lors d’attaques.
Ce sombre bilan met une fois de plus en évidence les circonstances difficiles et dangereuses dans lesquelles opère le système de santé du pays, ainsi que les défis liés à la prestation de services de soins de santé de routine et d’urgence. Les attaques entravent l’accès de dizaines de milliers de personnes aux soins de santé, augmentant les risques de maladie et de décès.
L’OMS définit une attaque contre les soins de santé comme « tout acte de violence verbale ou physique, toute obstruction ou menace de violence qui entrave la disponibilité et la prestation de services de santé curatifs et/ou préventifs ainsi que l’accès à ces derniers lors de situations d’urgence». Cela peut aller de la violence avec des armes lourdes aux menaces psychosociales et à l’intimidation qui affectent l’accès de ceux qui en ont besoin aux services de soins de santé.
« Ces attaques menacent la sécurité et le bien-être des personnels de santé et mettent en péril les soins dispensés aux populations vivant à proximité des zones de conflit », a déclaré le docteur Jarno Habicht, représentant de l’OMS en Ukraine. « Les attaques contre les soins de santé constituent une violation du droit international humanitaire. Elles privent les populations des soins dont elles ont besoin et entraînent de multiples conséquences à long terme. »
Selon les données de l’OMS, la prestation de services spécialisés, tels que la chimiothérapie et la mammographie, s’expose à des défis importants en raison d’un manque de personnel et d’équipement médical. Certaines régions éprouvent également des difficultés à dispenser des services d’accouchement hautement qualifiés.
Ces attaques privent des communautés entières de services de santé essentiels pour sauver des vies, une situation provoquant, dans la durée, une augmentation des maladies et des décès ainsi qu’une détérioration des systèmes de santé. Les effets psychologiques sur les patients effrayés à l’idée de se faire soigner et sur les personnels de santé incapables de dispenser des soins dans des environnements sécurisés et protégés sont également importants, et auront des incidences sur la santé des populations pendant de longues périodes.
L’OMS continue de plaider en faveur d’un accès sûr à la prestation de services de santé, sans violence, menace ou peur. Il s’agit là d’une condition essentielle si l’on veut placer les personnes dans le besoin au centre de l’intervention humanitaire collective.