La cérémonie d’hommage à Arman Soldin s’est déroulée à Ukrinform
La cérémonie d’hommage à Arman Soldin, journaliste français, tué une semaine plus tôt aux abords de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, s’est déroulée hier à Kyiv. Elle a été organisée par l'agence de presse AFP en collaboration avec l'agence de presse nationale ukrainienne Ukrinform.
« Arman a été l'un des premiers journalistes à se porter volontaire pour venir en Ukraine. Arman a perdu la vie pour que des millions de personnes puissent savoir ce qui se passe en Ukraine. A l’heure où une guerre inhumaine ravage l’Ukraine, la mémoire d’Arman est notre fierté », a déclaré Fabrice Fries, directeur de l'Agence France-Presse, décrivant le journaliste comme « toute l’humanité en un seul homme » et a souligné qu’il était « adoré » par ses amis, sa famille et ses collègues.
Lors de cette cérémonie, le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, a assuré partager la fierté et la tristesse de la communauté et même la famille de l’AFP. « Il n’y a pas d’âge pour entrer au Panthéon des journalistes, mais clairement Arman était trop jeune pour cela. Il y a trop de reporters dans ce Panthéon, et particulièrement trop de jeunes reporters», a-t-il déploré.
Ce fut aussi l’occasion pour RSF d’annoncer le dépôt d’une plainte auprès du parquet général Ukrainien, qui sera remise en mains propres le 16 mai, et auprès du procureur de la Cour pénale internationale (CPI). Cette huitième plainte déposée par l’organisation depuis le début du conflit, étayée par des témoignages précis recueillis par RSF, documente des crimes de guerre commis contre des journalistes en Ukraine.
Cette plainte porte, en plus du cas d’Arman Soldin, sur l’attaque délibérée ayant entraîné la mort du journaliste ukrainien Bohdan Bitik et les blessures du correspondant italien de La Republica Corrado Zunino, sur des détentions arbitraires et disparitions forcées de trois journalistes ukrainiens, notamment celle de Dmytro Khyliuk, et sur les bombardements de civils dans lesquels ont été pris plusieurs équipes des médias ukrainiens ou étrangers.
Quatorze journalistes victimes d’attaques pouvant être qualifiées de crimes de guerre sont mentionnés dans cette plainte. Celle-ci mentionne également des attaques sur des infrastructures de médias comme des tours de télévision ou des locaux de la télévision publique ukrainienne.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, RSF a déposé 8 plaintes auprès de la Cour pénale internationale et du procureur général d'Ukraine, et deux plaintes pénales en France. L'organisation a documenté 53 événements qualifiables de crimes de guerre dont ont été victimes 121 journalistes et concernant aussi le ciblage de 14 tours de télévision et infrastructures de média.