Guerre en Ukraine : l’ONU réclame des « fenêtres de silence » et des « passages sûrs » pour les civils privés d’aide
Alors que l’offensive russe s’est intensifiée ces derniers jours dans plusieurs villes ukrainiennes, les Nations Unies ont réclamé, lundi, des « fenêtres de silence » et des « passages sûrs » pour évacuer et fournir une aide aux civils dont la vie est menacée par les combats.
« Des fenêtres de silence et des passages sûrs fiables et prévisibles sont nécessaires de toute urgence pour reloger les personnes dont la vie est en grand danger », a indiqué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), sur la base des informations reçues jusqu’à dimanche.
Des centaines de milliers de personnes à l’intérieur de l’Ukraine ont été privées d’une aide vitale en raison de « l’encerclement militaire » des villes ukrainienne a souligné l’OCHA dans son dernier rapport de situation, exhortant les belligérants à assurer « un passage sécurisé ».
La dégradation de la situation humanitaire s’est parfois traduite par des difficultés d’accès de camions apportant l’aide. Malgré leur détermination, les agences des Nations Unies et leurs partenaires humanitaires ont dû mal à atteindre des milliers de personnes parmi les plus vulnérables. A Kherson où vivent environ 290.000 personnes dans le sud de l’Ukraine, environ 30 camions remplis d’aide n’ont pas pu entrer en raison des affrontements en cours, a indiqué l’OCHA.
Plus largement, des « passages sécurisés » dans plusieurs villes, dont Marioupol et Volnovakha (zones contrôlées par le gouvernement à Donetsk), auraient été reportés « une fois de plus ».
Selon l’OCHA, les évacuations urgentes restent « impossibles » dans les villes de Bucha et Hostomel, situées à l’extérieur de la capitale, qui ont « subi des attaques de plus en plus intenses ces derniers jours ».
Après avoir été initialement confirmée pour le lendemain (dimanche 6 mars), l’évacuation dominicale des civils de Marioupol (Donetsk, sud-est) - où vivent environ 400.000 personnes - a finalement été suspendue en raison des affrontements signalés le long des itinéraires d’évacuation. Malgré cela, environ 300 personnes auraient été déplacées de Marioupol vers les zones non contrôlées par le gouvernement à Donetsk.
Des tentatives sont en cours pour créer des « passages sécurisés », après des échecs des tentatives de cessez-le-feu destinées à permettre aux civils de fuir. Ces routes sont également essentielles pour l’acheminement de l’aide telle que l’eau, la nourriture et les médicaments.
C’est dans ce contexte que le chef de l’ONU, António Guterres, a appelé dimanche à une pause dans les combats pour permettre aux civils de quitter les zones de conflit en Ukraine. « Il est absolument essentiel d’établir une pause dans les combats en Ukraine afin de permettre le passage en toute sécurité des civils de Marioupol, Kharkiv et Sumy, ainsi que de tous les autres endroits pris dans le conflit », a affirmé dans un tweet, le Secrétaire général de l’ONU, citant ces trois villes comme exemples de points chauds où les civils sont particulièrement exposés.
Sur le terrain, le coût humain du conflit continue d’augmenter. Les affrontements violents continuent de s’intensifier à l’extérieur de Kyïv alors que les forces russes se rapprochent de la capitale. Dans ces conditions, les évacuations d’urgence restent impossibles dans les villes de Bucha et Hostomel, à l’extérieur de la capitale, qui ont fait l’objet d’attaques de plus en plus intenses ces derniers jours.
Les affrontements ont interrompu l’approvisionnement en gaz de centaines de milliers de foyers, selon le rapport. Dans d’autres endroits, les réserves d’eau et de médicaments essentiels étaient épuisées, notamment dans un hôpital psychiatrique à Borodianka, à environ 60 kilomètres de Kyïv, qui accueille des centaines de patients, dont certains nécessitent une assistance 24 heures sur 24.
Les réserves d’oxygène pour les patients atteints de Covid-19 et d’autres personnes étaient également « désespérément basses ». Alors que la portée géographique du conflit s’étend, plus de 200 établissements de santé sont désormais situés le long des lignes de conflit actives ou dans des zones de contrôle modifiées, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
L’OCHA estime « probable » que des « pénuries du personnel soignant » apparaissent en raison de l’insécurité permanente et du déplacement des travailleurs de la santé eux-mêmes. « Le ministère ukrainien de la Santé a déjà suspendu les hospitalisations programmées et adopté des procédures électives », a souligné l’OCHA.
Malgré les difficultés d’accès, le gouvernement ukrainien, les agences des Nations Unies et les partenaires humanitaires continuent d’intensifier les activités de secours à l’intérieur de l’Ukraine, là où la situation sécuritaire le permet. Le dimanche 6 mars, le premier convoi humanitaire dirigé par le gouvernement a quitté Zaporijia, transportant environ 90 tonnes de fournitures de d’aide humanitaire, et est attendu à Marioupol.
Plus de 1,735 million de personnes ont fui l’Ukraine depuis le début de l’offensive russe lancée le 24 février, selon les derniers décomptes du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Ce chiffre est en hausse par rapport à celui du dimanche, qui était de plus de 1,53 million.
Près des trois cinquièmes du total (60%) - près de 1,03 million - sont arrivés en Pologne, selon l’Agence onusienne. Plus de 180.000 sont allés en Hongrie (10,4%) et 128.000 en Slovaquie (7,4%).
En Moldavie, le HCR dénombre 82.762 réfugiés, soit environ 4,8% du total. Deux camps ont été mis en place, un à Sighetu Marmatiei et l’autre à Siret. De son côté, la Roumanie dénombre 78.977 réfugiés (4,6%) alors que la Russie accueille 53.300 réfugiés ukrainiens, soit 3,1 % du total.
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