L’Agence internationale de l’énergie atomique déclare faire tout son possible pour éviter un accident nucléaire en Ukraine
Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, a expliqué mardi au Conseil de sécurité que son agence faisait tout son possible pour éviter un accident nucléaire en Ukraine, dans le contexte du conflit qui ravage le pays depuis l’invasion russe en février 2022.
Il a rappelé que plusieurs des cinq centrales nucléaires ukrainiennes et d'autres installations ont été directement bombardées et que la centrale de Zaporijjia est passée sous le contrôle militaire et opérationnel russe.
« L'AIEA surveille de près la situation et aide l'Ukraine chaque jour depuis le début de la guerre », a expliqué M. Grossi aux membres du Conseil, précisant qu’il y avait eu 12 missions d'experts en Ukraine et qu’il en avait dirigé personnellement sept, dont deux à Zaporijjia.
Depuis le 1er septembre 2022, une mission de soutien et d'assistance de l'AIEA est stationnée à la centrale nucléaire de Zaporijjia, qui est près de la ligne de front. Et depuis janvier de cette année, d'autres experts de l'AIEA sont en poste sur tous les autres grands sites nucléaires ukrainiens pour fournir à la communauté internationale des informations fiables sur la sûreté et la situation de sécurité sur chacun de ces sites.
Selon le chef de l’AIEA, « la situation en matière de sûreté et de sécurité nucléaires à la centrale nucléaire de Zaporijjia, en particulier, continue d'être extrêmement fragile et dangereuse », alors que « les activités militaires se poursuivent dans la région et pourraient bien augmenter de manière très considérable dans un proche avenir ».
La centrale fonctionne avec un personnel considérablement réduit, ce qui, malgré son arrêt temporaire, n'est pas tenable, a estimé M. Grossi, précisant qu’en sept occasions, le site a perdu toute l'alimentation hors site et a dû compter sur des générateurs diesel de secours, « la dernière ligne de défense contre un accident nucléaire, pour assurer le refroidissement essentiel du réacteur et du combustible usé ». Le dernier incident, le septième, s'est produit il y a tout juste une semaine.
« Nous avons la chance qu'un accident nucléaire ne se soit pas encore produit. Nous devons donc tous faire tout ce qui est en notre pouvoir pour minimiser les risques que cela se produise », a-t-il déclaré.
Il y a un an, le chef de l’AIEA avait élaboré les sept piliers indispensables pour assurer la sûreté et la sécurité nucléaires pendant un conflit armé.
Ces sept piliers sont:
- L'intégrité physique des installations – qu'il s'agisse des réacteurs, des bassins de combustible ou des entrepôts de déchets radioactifs – doit être maintenue.
- Tous les systèmes et équipements de sûreté et de sécurité doivent être entièrement fonctionnels à tout moment.
- Le personnel d'exploitation doit être en mesure de remplir ses fonctions de sûreté et de sécurité et avoir la capacité de prendre des décisions sans pression injustifiée.
- Il doit y avoir une alimentation électrique sécurisée hors site à partir du réseau pour tous les sites nucléaires.
- Il doit y avoir des chaînes d'approvisionnement logistiques et des transports ininterrompus vers et depuis les sites.
- Il doit y avoir des systèmes efficaces de surveillance des rayonnements sur site et hors site, ainsi que des mesures de préparation et d'intervention en cas d'urgence.
- Il doit y avoir une communication fiable avec le régulateur et les autres parties prenantes.
« Un accident nucléaire ou radiologique pendant le conflit en cours pourrait avoir des conséquences désastreuses pour le peuple ukrainien, pour le peuple russe, ainsi que pour les États voisins, et au-delà », a rappelé M. Grossi.
« Le temps est venu d'être plus précis quant à ce qui est requis. Nous devons empêcher un rejet dangereux de matières radioactives », a-t-il ajouté.