Céréales d'Ukraine : appel du chef de l'ONU aux pays riches à « ouvrir les cœurs et les portefeuilles »
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a appelé les pays riches à aider les pays en développement à acheter des céréales ukrainiennes alors que les stocks s’écoulent de nouveau sur les marchés mondiaux, dans un appel lancé depuis le port d'Odessa, ce vendredi, à l'occasion de la Journée mondiale de l'aide humanitaire.
Cette information a été communiquée sur la page de l’ONU.
Des navires transportant des céréales ont quitté le port dans le cadre d'un récent accord négocié par l'ONU. M. Guterres a déclaré qu'Odessa était un symbole de ce que les pays pouvaient accomplir lorsqu'ils travaillent ensemble pour le bien commun.
S'adressant aux journalistes, le chef de l'ONU a révélé l’émotion qu’il éprouvait en se trouvant sur les docks, d’où il a assisté au chargement du blé sur un navire.
« C'est évidemment une source de joie », a-t-il lancé. « Mais je ressens aussi de la tristesse à la vue de ce merveilleux port aux terminaux pratiquement vides, et du fait que l'Ukraine et toute la région sont coupées du monde à cause de la guerre ».
Des cargos chargés d'espoir
Le port d'Odessa a été paralysé pendant des mois en raison de la guerre, ce qui signifie qu' « une route de transport essentielle du grenier à blé du monde a été coupée », a-t-il déclaré.
Les choses changent grâce à l'Initiative céréalière de la mer Noire, l'accord visant à débloquer les exportations de céréales et d'engrais, signé à Istanbul il y a à peine un mois par l'Ukraine, la Russie, la Türkiye et les Nations Unies.
Depuis lors, 25 navires ont quitté Odessa et d'autres ports ukrainiens, et d'autres navires sont en route, a déclaré M. Guterres, qui s'exprimait aux côtés du ministre ukrainien des Infrastructures, Oleksandre Kubrakov.
Les navires ont transporté plus de 600.000 tonnes de céréales et de produits alimentaires, à savoir du blé, du maïs, de l'huile de tournesol et du soja.
« Chaque navire est chargé d'espoir », a déclaré me chef de l’ONU. « De l'espoir pour les agriculteurs ukrainiens enfin récompensés pour leur récolte et dont les stocks s’écolent enfin. De l'espoir pour les marins et la communauté maritime au sens large, sachant qu'il est à nouveau possible de naviguer en mer Noire en toute sécurité. Et, par-dessus tout, de l'espoir pour les personnes et les pays du monde les plus vulnérables ».
Soutien aux pays en développement
Le chef des Nations Unies a par ailleurs spécialement interpellé les « pays riches » au nom des personnes vulnérables qui, partout dans le monde, subissent le poids de la crise alimentaire mondiale.
« Alors que ces ports s'ouvrent, j'appelle les pays riches à ouvrir également leur porte-monnaie et leur cœur. Après tout, la bonne circulation des céréales ne signifie pas grand-chose pour les pays qui n'en ont pas les moyens », a-t-il déclaré.
« Il est temps d'apporter un soutien massif, généreux, pour que les pays en développement puissent acheter la nourriture partie des ports ukrainiens - et que les gens puissent l'acheter. Les pays en développement doivent pouvoir accéder aux financements dès maintenant. Ils ont besoin d'un allègement de leur dette dès maintenant. Ils ont besoin de ressources pour investir dans leur population dès maintenant », a-t-il martelé.
Sans circulation d’engrais en 2022, pas de nourriture en 2023
Le Secrétaire général a demandé que des mesures supplémentaires soient prises pour garantir le plein accès mondial aux produits alimentaires ukrainiens, ainsi qu'aux denrées alimentaires et aux engrais russes, par le biais de l'Initiative céréalière de la mer Noire.
Si personne ne s'attendait à ce que l'accord soit aussi « facile à négocier », il est sans précédent tant par sa portée que par son ampleur, a-t-il estimé, en ajoutant que le chemin à parcourir serait encore long.
M. Guterres a expliqué qu'il était crucial d’expédier davantage de nourriture et d'engrais d'Ukraine et de Russie pour soulager les marchés des matières premières et faire baisser les prix.
« Mais n'oublions pas que ce que nous voyons ici à Odessa n'est que la partie la plus visible de la solution. L'autre partie, tout aussi importante, que nous avons défendue, concerne l'accès sans entrave aux marchés mondiaux des denrées alimentaires et des engrais russes ». Il est important que tous les gouvernements et le secteur privé coopèrent pour les mettre sur le marché, car « sans engrais en 2022, il pourrait ne pas y avoir assez de nourriture en 2023 », a-t-il averti.
Le Secrétaire général a souligné son profond attachement à ces objectifs, qui, selon lui, ne pourront être atteints que si toutes les parties coopèrent.
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