La guerre en Ukraine a entrainé l'insécurité alimentaire aiguë dans plusieurs pays
Les chocs économiques et les facteurs de stress continuent de provoquer une faim aiguë dans presque tous les « points chauds » dans le monde, reflétant les tendances mondiales qui se poursuivent depuis 2022, lorsque les risques économiques provoquaient la faim dans plus de pays et pour plus de personnes que les conflits.
Ces risques sont largement liés aux retombées socio-économiques de la pandémie de COVID-19 et à l’impact de la guerre en Ukraine.
Le rapport, publié par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), souligne le risque d'un débordement de la crise soudanaise, augmentant le risque d'impacts négatifs dans les pays voisins, et avertit que le phénomène météorologique El Niño fait craindre des extrêmes climatiques dans les pays vulnérables du monde entier.
Le rapport constate également que de nombreux « points chauds » sont confrontés à des crises de la faim croissantes et souligne l'effet multiplicateur inquiétant que des chocs simultanés ont sur l'insécurité alimentaire aiguë. Les conflits, les extrêmes climatiques et les chocs économiques continuent de plonger de plus en plus de communautés dans la crise.
« Le statu quo n’est plus une option aujourd'hui si nous voulons parvenir à la sécurité alimentaire mondiale pour tous, en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte » a déclaré Qu Dongyu, Directeur général de la FAO. « Nous devons fournir des interventions agricoles immédiates et urgentes pour aider les gens au bord de la faim à reconstruire leur vie et trouver des solutions à long terme pour s'attaquer aux causes profondes de l'insécurité alimentaire. Investir dans la réduction des risques de catastrophe dans le secteur agricole peut débloquer d'importants dividendes de résilience et doit être intensifié ».
La cheffe du PAM, Cindy McCain, a noté pour sa part que « non seulement plus de personnes dans plus d'endroits dans le monde souffrent de la faim, mais la gravité de la faim à laquelle elles sont confrontées est pire que jamais ». « Ce rapport est clair : nous devons agir maintenant pour sauver des vies, aider les gens à s'adapter au changement climatique et prévenir la famine. Si nous ne le faisons pas, les résultats seront catastrophiques », a-t-elle averti.
Le rapport met en garde contre un risque majeur de conditions El Niño, qui, selon les météorologues, doivent émerger d'ici la mi-2023 avec une probabilité de 82%. Cela aura des implications importantes pour plusieurs « points chauds », notamment des pluies inférieures à la moyenne dans le couloir sec d'Amérique centrale, et soulève le spectre d'événements climatiques extrêmes consécutifs frappant des zones du Sahel et de la Corne de l'Afrique.
2023 devrait entraîner un ralentissement économique mondial dans un contexte de resserrement monétaire dans les pays à revenu élevé - augmentant le coût du crédit, affaiblissant les monnaies locales et exacerbant davantage la crise de la dette dans les économies à revenu faible et intermédiaire.
Le Fonds monétaire international prévoit une croissance du PIB mondial de 2,8% en 2023 – le niveau le plus bas en dix ans, mise à part la chute induite par la COVID-19 en 2020. Le PIB de l'Afrique subsaharienne augmentera également de 0,3% de moins qu'en 2022.
Les pays à revenu faible et intermédiaire devraient être les plus durement touchés par la faible croissance prévue de leurs principaux marchés d'exportation, parallèlement à la hausse du taux d'inflation dans les économies à revenu élevé qui dépendront fortement des exportations vers les économies avancées.
Les prix alimentaires mondiaux étant susceptibles de rester élevés par rapport aux normes historiques dans les mois à venir, les pressions macroéconomiques dans les pays à revenu faible et intermédiaire ne devraient pas s'atténuer. Cela signifie que la baisse subséquente du pouvoir d'achat affectera négativement l'accès des familles à la nourriture dans les mois à venir dans de nombreux « points chauds ».