ONU dénnonce des répressions sévères au Belarus visant les manifestants contre la guerre en Ukraine
Une experte indépendante onusienne Anaïs Marin a dénoncé des répressions sévères des autorités biélorusses à l’encontre des manifestants anti-guerre au Belarus.
« J’ajouterais que mon mandat a été informé de la sévère répression des autorités à l’encontre des manifestants anti-guerre au Belarus », a déclaré devant le Conseil des droits de l’homme, Anaïs Marin, Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme au Bélarus.
Elle dit avoir été aussi informée « des difficultés et de cas de discriminations et de discours de haine que certains Bélarusses contraints à quitter leur pays endurent depuis le début de l’agression armée russe en Ukraine ».
Elle appelle donc les pays d’accueil de migrants bélarusses à mettre en place des systèmes de protection subsidiaire et de légalisation pour garantir les droits humains de ces Bélarusses contraints à l’exil.
L’experte estime que la situation des droits de l’homme au Belarus n’a fait qu’empirer ces derniers mois qui ont été marqués par « une détérioration significative dans de nombreux domaines ». « Les autorités ont poursuivi leur politique de durcissement de la législation qui restreint les droits civils et politiques », a affirmé Mme Marin.
Plus de 300 ONG et médias indépendants ont été contraints à la dissolution
L’une des grandes tendances qui a contribué à la détérioration substantielle de la situation des droits de l’homme au Bélarus est le rétrécissement de l’espace civique. Celui-ci est le résultat d’une « politique délibérée visant à éradiquer tous les supports pour l’expression d’opinions dissidentes ». « Pressions, harcèlement, intimidations et menaces sont ainsi employés contre les organisations de la société civile et les médias indépendants ».
La période examinée dans son rapport a été ainsi marquée par plusieurs descentes de police dans les locaux d’organisations non-gouvernementales, les rédactions des médias, ainsi qu’au domicile de leurs employés ou de leurs proches. Ces raids s’accompagnent « systématiquement » de la saisie de matériel informatique, y compris celui des enfants des témoins et des suspects, a détaillé la Rapporteure spéciale.
Ils conduisent en général à la détention ou à la verbalisation de militants de la société civile et de journalistes, puis à l’ouverture de poursuites pénales sous des prétextes douteux, tels que des accusations de fraude fiscale ou d’organisation d’activités non autorisées.
« Je note que les autorités ont agi de manière beaucoup plus sévère et violente qu’au cours des années précédentes, de toute évidence en vue de « purger » la société civile de ses éléments indésirables, une tendance sur laquelle je vous avais déjà alertés l’an dernier », a-t-elle fait valoir.
Depuis lors, plus de 300 ONG et médias indépendants ont été contraints à la dissolution. À la suite de cette « campagne massive de persécution et de liquidations », la plupart des défenseurs des droits de l’homme bélarusses ont été contraints à s’exiler pour leur sécurité.
Ceux qui n’ont pas voulu ou pas pu fuir se sont systématiquement retrouvés derrière les barreaux. A ce jour, 1.214 personnes sont emprisonnées au Bélarus sur la base d’accusations à caractère politique, parmi lesquelles 30 professionnels des médias.
La répression et l’intimidation se manifestent également par des licenciements abusifs d’employés d’entreprises d’État et d’organismes publics, d’institutions éducatives et culturelles, des quelques syndicats indépendants qui subsistent. Quant aux avocats qui défendent des personnes ayant exprimé des opinions dissidentes, ils ont tous fait l’objet de mesures disciplinaires, et une cinquantaine d’entre eux se sont vu retirer leur licence.
Dans ces conditions, ce « climat de peur et d’impunité qui règne au Bélarus » a contraint à l’exil des dizaines voire des centaines de milliers de Bélarusses victimes de répression ou d’intimidation, partisans de l’opposition, militants de la société civile, avocats, journalistes et quantité de citoyens ordinaires.
« J’appelle la communauté internationale à étendre son soutien au travail vital qu’ils continuent d’accomplir, sur place ou depuis l’étranger, dans des conditions éprouvantes », a fait remarquer l’experte indépendante onusienne.
Dans ce contexte d’un climat d’impunité régnant au Bélarus, la Rapporteure spéciale encourage la communauté internationale à continuer de soutenir les mécanismes de responsabilité, notamment celui établi par ce Conseil en mars 2021 sous l’autorité de la Haute-Commissaire aux droits de l'homme.
« Les auteurs de violations doivent être tenus responsables de leurs actes et les victimes obtenir justice et réparation », a-t-elle conclu, relevant que « c’est un préalable indispensable pour envisager l’ouverture d’un dialogue, aujourd’hui inexistant, entre l’Etat et la société».
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