Human Right Watch évoque les destructions du patrimoine culturel ukrainien dans son nouveau rapport
Dans son nouveau rapport, Human Rights Watch et la Clinique internationale des droits humains (International Human Rights Clinic) de la Faculté de droit de Harvard évoquent les destructions du patrimoine culturel ukrainien causées par des bombardements russes.
Le rapport de 80 pages, intitulé « Destroying Cultural Heritage: Explosive Weapons’ Effects in Armed Conflict and Measures to Improve Protection » (« Destruction du patrimoine culturel : Effets des armes explosives dans les conflits armés et mesures visant à améliorer la protection »), décrit les dommages immédiats et à long terme que l'utilisation d'armes explosives dans les zones peuplées provoque pour le patrimoine culturel, notamment les monuments historiques, les lieux de culte, les musées, les centres d’archives, les places publiques et les théâtres. Le rapport souligne que la Déclaration politique sur les armes explosives pourrait constituer un outil précieux pour aborder ce problème.
« Les gouvernements devraient reconnaître que l’utilisation d’armes explosives dans des zones peuplées met en danger le patrimoine culturel, ainsi que les personnes qui le chérissent », a déclaré Bonnie Docherty, conseillère senior auprès de la division Armes à Human Rights Watch et chargée de cours en droit à la Clinique de Harvard. « Afin de préserver ce patrimoine pour les générations futures, les parties aux conflits armés devraient respecter la Déclaration politique de 2022, et s’abstenir de bombarder les zones urbaines peuplées. »
Lorsqu’elles sont utilisées dans des zones peuplées, les armes explosives telles que les bombes aériennes, les projectiles d’artillerie, les roquettes et les missiles tuent et blessent des civils, et détruisent des biens civils lors de l’attaque. Ces armes ont également des effets indirects à long terme, appelés effets de « réverbération », qui aggravent les souffrances des civils. En endommageant le patrimoine culturel, ces armes effacent l’histoire, sapent l’identité et l’unité de communautés, et entraînent des coûts financiers.
Les coauteurs du rapport ont examiné la guerre que la Russie continue de mener en Ukraine, afin d’illustrer la vulnérabilité du patrimoine culturel lors d’attaques menées avec des armes explosives dans des zones peuplées. Ils ont étudié cinq exemples de sites touchés – des musées et centres d’archives locaux, des sites culturels dans des centres urbains et un lieu de culte – en soulignant la fréquence, la diversité et la gravité des effets des armes explosives sur le patrimoine culturel, ainsi que leur importance pour la population civile.
Les chercheurs se sont également appuyés sur des exemples tirés d’autres conflits armés, notamment à Gaza et au Yémen, pour différencier et approfondir les nuances entre les dommages directs et indirects causés aux lieux et aux personnes par cette méthode de guerre.
L’atténuation de ces dommages devrait être abordée lors de la première réunion des pays ayant approuvé la Déclaration politique de 2022 sur la protection des civils contre l'utilisation d'armes explosives, qui se tiendra à Oslo, en Norvège, du 22 au 24 avril 2024.
Depuis le 18 novembre 2022, 86 pays ont approuvé la Déclaration, qui fixe des normes afin d’empêcher l'utilisation d'armes explosives dans les zones peuplées, et de remédier aux effets de telles frappes.
Les pays devraient interpréter la Déclaration et la mettre en pratique de manière à maximiser la protection du patrimoine culturel, ont déclaré Human Rights Watch et la Clinique de Harvard.