Le RSF appelle à la création d’un Fonds international pour la reconstruction des médias ukrainiens (IFRUM)

L’invasion russe du 24 février 2022 a plongé les médias ukrainiens dans une crise économique sans précédent. Face à ses défis, Reporters sans frontières (RSF) appelle à la création d’un Fonds.

Dans son rapport « De la résilience à la reconstruction, assurer l'avenir des médias ukrainiens » édité en coopération avec le groupe de réflexion pour les professionnels des médias The Fix, les experts indiquent que l’invasion russe a bouleversé le paysage médiatique. Douze professionnels des médias ont été tués, au moins 43 blessés, 20 sont détenus par la Russie. Des bombardements russes ont endommagé entre autres une vingtaine de tours de télévision.

« Depuis l'invasion russe du 24 février 2022, les médias ukrainiens font preuve d'une résilience exceptionnelle, grâce à un paysage médiatique solide qui s'est forgé ces dernières décennies. Mais leur situation reste fragile : les journalistes sont menacés, les infrastructures médiatiques sont partiellement détruites, et la crise économique a contribué à la fermeture d’au moins 235 médias. Ce nouveau rapport de RSF montre qu’il est désormais urgent de se concentrer sur la reconstruction économique du secteur et chiffre à 96 millions de dollars sur trois ans les fonds nécessaires pour assurer l’avenir des médias indépendants. RSF appelle les bailleurs internationaux à rejoindre cette initiative de création d’un Fonds international pour la reconstruction des médias ukrainiens (IFRUM) », a déclaré Thibaut Bruttin, directeur général de RSF

De plus, l’évolution de la consommation de l’information par le public favorise la diffusion de la désinformation. Les réseaux sociaux, en particulier Telegram qui n’est pas réglementé, sont devenus la première source d’information, mais aussi de désinformation. Les médias traditionnels doivent réfuter la propagande russe diffusée sur ces plateformes, tout en continuant de couvrir l'actualité.

La grande majorité de médias sont particulièrement touchés par la crise économique : alors qu'en 2021, 70 % des médias locaux avaient un budget issu à 90 % de revenus commerciaux, seuls 14 % parvenaient à atteindre ce niveau deux ans plus tard, rendant indispensable le soutien des bailleurs. Les revenus des médias se sont effondrés avec une chute de près de 61 % des ressources publicitaires entre 2021 et 2022.

Faute de soutien durable, plusieurs publications locales et régionales risquent de disparaître. En étudiant le budget de 42 médias ainsi que la situation économique du secteur, ce rapport révèle que 96 millions de dollars sur trois ans sont nécessaires pour assurer la continuité du travail des médias indépendants ukrainiens tout en couvrant l'ensemble de leurs frais administratifs.

À partir de ces constats, RSF formule six recommandations aux bailleurs internationaux et au gouvernement ukrainien :

1. Financer la reconstruction de l'écosystème médiatique ukrainien en lançant un Fonds international pour la reconstruction des médias ukrainiens (IFRUM).

2. Développer un soutien financier assorti d'une conditionnalité fondée sur des normes de transparence.

3. Mettre en œuvre des mesures économiques supplémentaires pour relancer le secteur des médias en Ukraine.

4. Soutenir les médias de service public.

5. Mettre fin aux restrictions arbitraires et aux pressions gouvernementales.

6. Établir un cadre réglementaire pour faire face à la crise de l'information.

Le gouvernement ukrainien doit créer une autorité indépendante de régulation des plateformes (IPRA). L'objectif principal de l'IPRA sera de produire des rapports annuels de “l'état de la désinformation” qui analysent des contenus spécifiques sur les plateformes en ligne, en particulier sur Telegram.