Human Rights Watch : Les forces russes ont tiré sur des véhicules civils en Ukraine
« Des soldats russes stationnés à des points de contrôle ont ouvert le feu sur des véhicules qui passaient devant eux, sans faire le moindre effort apparent pour vérifier si les occupants étaient des civils, » a déclaré Belkis Wille, chercheuse senior auprès de la division Crises et conflits de Human Rights Watch. « L’obligation de distinguer les civils des combattants est une constante, tout comme l’interdiction de prendre pour cible les civils, qu’ils soient chez eux, dans la rue ou dans leur voiture. »
Human Rights Watch a interrogé neuf témoins qui étaient tous présents pendant l’un des trois incidents, dont deux qui ont été blessés lors de ces attaques. Des chercheurs se sont rendus sur les lieux des trois incidents et ont examiné les quatre voitures qui ont été prises pour cible. Les témoins affirment qu’il n’y avait pas de forces ukrainiennes dans les environs au moment des faits.
Deux des incidents se sont produits à Hostomel, une ville située à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Kyiv. Les forces russes ont tenté de sécuriser la zone le premier jour de leur invasion, le 24 février 2022, et de prendre le contrôle de l’aéroport militaire de la ville. Les forces russes ont ensuite occupé la zone pendant une grande partie du mois de mars, avant de se retirer de la région de Kyiv le 31 mars.
Le 28 février, les forces russes ont ouvert le feu sur deux véhicules transportant neuf civils qui tentaient de fuir la zone. Le 3 mars, elles ont tiré sur un véhicule avec à son bord quatre hommes qui allaient négocier une livraison d’aide humanitaire. Le troisième incident a eu lieu dans le village de Nova Basan, dans la région de Tchernihiv, à 70 kilomètres à l’est du centre de Kyiv, lorsque les forces russes ont tiré sur une camionnette civile transportant deux hommes, et blessé l’un d’eux. Les soldats ont extrait le deuxième homme de la camionnette et l’ont sommairement exécuté, tandis que l’homme blessé s’est échappé.
En vertu du droit international humanitaire, ou du droit de la guerre, les civils ne doivent jamais être la cible délibérée d’attaques. Les parties à un conflit armé doivent prendre toutes les précautions possibles pour réduire au minimum les dommages causés aux civils et aux biens à caractère civil, et ne pas mener d’attaques qui ne font pas de distinction entre combattants et civils. Quiconque ordonne ou commet délibérément de tels actes, ou les aide et les encourage, est responsable de crimes de guerre. Les commandants des forces qui avaient connaissance ou avaient des raisons d’avoir connaissance de tels crimes, mais qui n’ont pas tenté de les arrêter ou de punir les responsables sont pénalement responsables de crimes de guerre au titre de la responsabilité de commandement.
La Russie devrait mener des enquêtes impartiales, approfondies et transparentes sur ces meurtres et indemniser les victimes de toute attaque illégale.
« Ces incidents sont révélateurs des manquements des forces russes à leurs obligations de toujours faire la distinction entre civils et combattants et de minimiser les dommages qui leur sont causés, » a déclaré Belkis Wille. « L’armée russe a l’obligation d’enquêter sur ces incidents, de demander des comptes aux responsables et de veiller à ce que ce type de meurtres ne se reproduise plus. »
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