Human Rights Watch : Les forces armées russes ont utilisé au moins six types d’armes à sous-munitions en Ukraine
Le rapport de 20 pages, intitulé « Intense and Lasting Harm : Cluster Munition Attacks in Ukraine » (« Des blessures aussi profondes que durables : Attaques aux armes à sous-munitions en Ukraine »), explique en détail comment les forces armées russes ont utilisé au moins six types d’armes à sous-munitions dans le conflit armé en Ukraine.
« L’utilisation répétée par les forces russes d’armes à sous-munitions dans des quartiers densement peuplés en Ukraine inflige aux civils des souffrances et dommages immédiats et à long terme, et doit cesser », a déclaré Mary Wareham, directrice du plaidoyer auprès de la division Armes de Human Rights Watch et autrice du rapport.
Human Rights Watch a documenté plusieurs attaques perpétrées à l’aide d’armes à sous-munitions par les forces russes dans des zones peuplées des villes de Tchernihiv, Kharkiv, Mykolaiv et Vuhledar. Le nombre exact de ces attaques dans le cadre du conflit de 2022 n’est pas connu, mais des centaines ont été documentées, signalées ou font l’objet d’allégations.
À Mykolaiv les 7, 11 et 13 mars, par exemple, les forces russes ont tiré des roquettes à sous-munitions sur des zones peuplées, tuant des civils et endommageant des habitations, des entreprises et des véhicules civils. Selon les médias locaux, l’une des attaques du 13 mars a tué neuf personnes qui faisaient la queue à un distributeur de billets.
La Russie n’a pas nié avoir utilisé des armes à sous-munitions. Elle a affirmé que les forces ukrainiennes en avaient utilisé dans la ville de Donetsk le 14 mars, ce qui n’a pas été confirmé de manière indépendante.
Les armes à sous-munitions peuvent être tirées depuis le sol par des systèmes d’artillerie comme les roquettes et projectiles, ou larguées par des avions. Elles se dispersent généralement dans l’air, répandant de multiples sous-munitions ou bombes miniatures sans discrimination sur une zone de la taille d’un pâté de maisons. Beaucoup n’explosent pas au moment de l’impact initial, pouvant tuer et mutiler, comme les mines terrestres, des années, voire des décennies durant, si elles ne sont pas enlevées et détruites.
Les armes à sous-munitions actuellement utilisées en Ukraine sont lancées depuis le sol dans des roquettes et des missiles, à l’exception de la bombe à sous-munitions de série RBK, qui est larguée par voire aérienne. Les armes à sous-munitions ont toutes été fabriquées en Russie, certaines aussi récemment qu’en 2021, ou en Union soviétique.
Selon le service d’urgence de l’État ukrainien, 98 864 munitions non explosées au total, y compris des sous-munitions et des mines terrestres, ont été enlevées et détruites pendant la guerre, à la date du 9 mai. Au cours des sept premières semaines du conflit, 29 travailleurs auraient été tués en effectuant des travaux de déminage et autres activités connexes, et 73 blessés. Le 17 avril, trois personnes travaillant pour les services d’urgence de Kharkiv ont été tuées en tentant de désamorcer des restes explosifs d’armes à sous-munitions.
Auparavant, entre juillet 2014 et février 2015, tant les forces gouvernementales ukrainiennes que les groupes armés soutenus par la Russie ont utilisé des armes à sous-munitions dans l’est de l’Ukraine, d’après les enquêtes menées par Human Rights Watch et d’autres organisations.
La Russie et l’Ukraine ne sont pas parties à la Convention sur les armes à sous-munitions – le traité de 2008 interdisant leur emploi – qui exige la destruction des stocks existants, le déminage des zones infestées par des restes d’armes à sous-munitions explosives et l’assistance aux victimes. La Convention compte 110 États parties.
Cet instrument juridique fait obligation à chaque État partie de faire « tout mettre en œuvre pour décourager » l’utilisation des armes à sous-munitions. Au moins 36 pays ont condamné leur utilisation en Ukraine, dont le Royaume-Uni, qui préside actuellement la Convention sur les armes à sous-munitions.
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