Les experts de HRW confirment que la Russie a déployé une arme à sous-munitions pour frapper Odessa
Une récente frappe russe menée avec une arme à sous-munitions contre Odessa, en Ukraine, qui a tué sept civils et blessé des dizaines d’autres personnes, met en évidence l’urgente nécessité pour tous les pays d’adhérer au traité international interdisant ces armes, a déclaré Human Rights Watch.
« Les frappes russes employant des armes à sous-munitions contre l'Ukraine illustrent tristement les graves dommages causés aux civils par ces armes. Les nombreux pays qui ont déjà adhéré au traité interdisant ces armes ont fait de grands progrès en détruisant leurs stocks et en éliminant les restes explosifs, mais leur utilisation par d’autres pays continue de représenter un risque pour des civils partout dans le monde.», a déclaré Belkis Wille, directrice adjointe de la division Crises et conflits à Human Rights Watch.
Le 29 avril 2024, un missile balistique russe équipé d’une ogive à sous-munitions a dispersé celles-ci au-dessus de l’un des bâtiments de l’Académie juridique d’Odessa, située sur le front de mer de cette ville. Les autorités ukrainiennes ont indiqué par la suite que parmi les civils tués se trouvait une fillette de 4 ans, décédée des suites de ses blessures trois semaines après l'attaque. Les détonations ont déclenché un incendie qui a détruit le toit de la résidence du président de l’Académie juridique, lui-même blessé lors de l’attaque.
Lors de la frappe, 28 autres civils ont été blessés, dont une femme enceinte et un enfant. La plupart des victimes se trouvaient dans un parc populaire situé à proximité de l’Académie, et qui comprend une promenade en bord de mer fréquentée par des joggeurs, des gens promenant leurs chiens et d’autres civils.
Human Rights Watch a vérifié six vidéos et photographies de l'attaque et de ses conséquences publiées sur les réseaux sociaux, y compris des éclaboussures de sang et des dommages par fragmentation causés par une détonation sur le trottoir, l'incendie de l'Académie juridique et les restes de munitions de l'attaque. Une photographie montre des marques de production sur un reste de la section moteur du missile, identifiant l’arme utilisée comme un missile balistique 9M723. Seule la Russie produit et stocke des missiles balistiques Iskander équipés d’ogives à sous-munitions.
Denys Sebov, directeur de l'Hôpital clinique municipal n°10 d'Odessa, a déclaré à Human Rights Watch que 15 personnes blessées y avaient été transportées après l'attaque, toutes causées par des fragments métalliques. Parmi ces personnes, une femme âgée de 40 ans est décédée peu après en raison de ses graves blessures au cou, aux poumons et au cœur ; un homme de 30 ans est décédé d'un traumatisme crânien, et un autre homme est décédé après que les chirurgiens ont retiré deux fragments de sous-munition de sa tête. Certains survivants ont été transférés dans d'autres établissements médicaux pour y subir d’autres interventions chirurgicales.
Les forces russes ont fréquemment tiré des missiles et des drones russes ciblant l'infrastructure portuaire d'Odessa. Cependant, le site de la frappe du 29 avril se trouve à huit kilomètres du port et ne semble pas être proche d'un objectif militaire, tel que des bâtiments militaires ou des entrepôts de ravitaillement.
Human Rights Watch a précédemment documenté de nombreuses attaques russes aux armes à sous-munitions qui ont causé des victimes civiles dès le premier jour de l'invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février 2022. Les attaques aux armes à sous-munitions ont commencé à Vuhledar, suivies d'attaques ultérieures à Kharkiv (à nouveau en août 2022), à Mykolaïv, à Tchernihiv et à Kherson, parmi d'autres villes. L’attaque russe aux armes à sous-munitions contre la gare bondée de Kramatorsk, le 8 avril 2022, reste l’un des incidents les plus meurtriers pour les civils depuis le début de la guerre.