Ukraine. Mission - évacuation des loulous

Ukraine. Mission - évacuation des loulous

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Ukrinform
Les volontaires de Kharkiv évacuent quotidiennement des dizaines d'animaux des territoires situés près de la ligne de front : chiens, chats, oiseaux, chevaux et même poissons. 

En deux ans et demi, depuis le début de l'invasion à grande échelle, les volontaires de Kharkiv ont évacué plus de 18 800 animaux. Surtout des chiens et des chats, mais aussi des chevaux, des vaches, des volailles, deux loups, des poissons exotiques.

A l'occasion de la Journée mondiale de la protection des animaux, Ukrinform explique comment fonctionne le projet « Animal Rescue Kharkiv » et comment vous pouvez contribuer à sauver la vie des animaux de compagnie.

APRÈS LES ÉVACUATIONS – LES EXAMENS EN CLINIQUE ET LES TRAITEMENTS

Depuis le début de la guerre à grande échelle, l'équipe a quintuplé et rassemble désormais près de 100 volontaires, explique Yaryna Vintonyuk, représentante de l'organisation. Il s'agit de personnes de diverses professions qui ont perdu leur emploi pendant la guerre. Un noyau de 20 bénévoles fondateurs est dans le projet depuis 2016.

Les équipes d'évacuation de « Animal Rescue » travaillent principalement dans les oblasts de Kharkiv et de Donetsk, elles se rendent également dans l'oblast de Soumy et, après que les Russes ont fait sauter le barrage de la centrale hydroélectrique de Nova Kakhovka, elles ont apporté leur aide dans l'oblast de Kherson. En moyenne, 700 à 800 animaux sont évacués chaque mois.

« La charge ne diminue pas. Les appels sur notre « hotline » sont réguliers. Pendant que nous traitons les messages en attente, soit une centaine de demandes, nous avons toujours le même nombre d'appels entrants. Au début de l'invasion, il est arrivé que des animaux soient restés enfermés dans des appartements, des chinchillas, des perroquets, des rats, des hamsters et des lézards domestiques. Nous avons également secouru d’un mini-refuge deux loups qui vivaient avec les gens depuis leur enfance. Mais surtout, bien sûr, nous évacuons des chiens et des chats. Nos équipes ont appris à travailler dans une zone de combat, à analyser la situation sur le front, à comprendre où intervenir en premier, car si une ville ou un village est occupé (par l’armée russe –ndlr) ou détruit, alors nous n’aurons plus le temps d’intervenir. Nous essayons d'anticiper afin d'augmenter les chances de survie des animaux et des humains», explique notre interlocutrice.

Selon elle, la chose la plus difficile est d’assurer chaque évacuation. C'est une question de dons et de soutien. Les équipes ont besoin d'une voiture et de carburant. Les volontaires travaillent sous les bombardements et en dehors des routes carrossables: les véhicules tombent en panne, ils sont lacérés par des éclats d'obus. Par exemple, trois voitures ont été détruites à Vovtchansk en mai.

Lors d’une de ces évacuations, un véhicule de « Animal Rescue » a été attaqué par un drone.

« Il a largué son explosif près d’une de nos voiture alors que nous roulions déjà avec des animaux. Un membre de l’équipe a déjà repris le travail et l'autre poursuit son traitement », explique Yaryna.

Les demandes de retrait d'animaux émanent des propriétaires eux-mêmes et souvent de nos militaires, auprès desquels les animaux abandonnés viennent chercher de la nourriture et un abri.

Après l'évacuation, tous les animaux sont examinés par les vétérinaires de la clinique de Kharkiv. Au comptoir de l'établissement, les visiteurs sont accueillis par le « directeur » – Arthur le chat! Si nécessaire, des perfusions et des interventions chirurgicales sont effectuées sur place. Les patients sauvés restent à l'hôpital jusqu'à la fin de leur traitement. Les cages sont constamment pleines, nos patients à fourrure ont besoin de plus d'espace!

« Les vétérinaires de la clinique réalisent des opérations plus ou moins complexes. Il s'agit de l'ostéosynthèse (comparaison de fragments et fixation de fragments osseux avec des structures mécaniques et des implants pour préserver la mobilité dans le futur, - ndlr), et de l'amputation des membres. Par la suite, tous les animaux doivent être stérilisés. Et ensuite, nous leur recherchons des foyers, des refuges qui puissent les accueillir et prendre en charge leur avenir », explique Yaryna.

Selon elle, moins de 20 % des animaux souffrent de blessures, la plupart présentent un état d’épuisement dû à leur vie dans une zone de guerre.

« À cause d'un stress constant, les systèmes et organes affaiblis commencent à dysfonctionner, s'il y a des maladies, elles progressent et de nouvelles maladies sont facilement contractées. Ces animaux nécessitent donc beaucoup plus de temps et d’investissement. Si avant la guerre, par exemple, il était possible de traiter une maladie en deux semaines, aujourd'hui, le traitement de cette même maladie prend un mois ou plus pour que l'animal puisse se rétablir et reprendre des forces », a noté  Vintoniuk.

1500 ANIMAUX SAUVÉS RECHERCHENT UN NOUVAU FOYER

Comme les humains, nos loulous sont stressés par la guerre.

« Les animaux que nous sauvons ont leurs spécificités : ce sont des animaux de la guerre. Les gens en Ukraine ont changé, et eux aussi. C’est qu’ils ont vécu beaucoup de choses, ils ont perdu leur famille, leur foyer. Ils doivent tout simplement trouver un nouveau sens à la vie. Il y a des animaux qui restent jusqu'au bout sur le site de maisons déjà détruites, où il n'y a plus de propriétaires. Les animaux sont tout simplement désorientés, ils ne comprennent pas quoi faire ensuite, ils ne comprennent pas pourquoi ils devraient continuer à vivre. L’une de nos tâches, et celle de la société tout entière, est de les aider à se rétablir et à retrouver une vie normale. Ils ne sont pas créés pour vivre dans des abris, dans des pièces fermées, des enclos. Ces animaux avaient une famille. Ils savent ce que sont le soin, l'amour, la communication, le dévouement. C'est pourquoi il est si important que les animaux aient un foyer », souligne Yaryna.

L'organisation dispose d'équipes qui transportent des animaux à travers toute l'Ukraine jusqu'aux personnes prêtes à accueillir un chat ou un chien. « Animal Rescue » organise également le transport à l'étranger et prépare tous les documents nécessaires à cet effet. Malheureusement, il y a beaucoup plus d’appels pour des animaux à sauver que de demandes pour les adopter dans des familles.

Environ 20 % des animaux évacués sont ensuite récupérés par leur propriétaire qui n'avait pas pu le faire seul. Pour le reste, il faudra trouver un nouveau logement.

« Les gens partent dans des conditions extrêmes, vers l'inconnu... Très souvent, les propriétaires n'autorisent pas les locataires à garder des animaux. Ou encore, les gens vivent dans des dortoirs où certaines restrictions existent. C'est l'un des problèmes qui doivent être résolus. J'aimerais que notre société comprenne vraiment comment nous nous influençons les uns les autres et à quel point ce soutien est important. Parce que lorsqu'une personne perd tout - sa maison, sa ville natale, elle devrait avoir la possibilité de prendre au moins son chat ou son chien. Nous savons à quel point c'est important pour l'âme, pour l'état moral d'une personne », explique notre interlocutrice. 

Elle rappelle l'un des exemples d'humanité qui la motive à continuer à faire son travail.

« Nous étions à Bakhmout. Et nous avons dû emmener un chat, qui était gardé par la voisine du propriétaire. Cette femme craignait beaucoup que le chat ne survive pas, car la maison était froide, il n'y avait pas de chauffage et la ville était constamment bombardée. Elle a donc demandé à ce que l’on prenne le chat. Il n’y avait alors aucune connexion téléphonique. La femme a écrit un numéro sur un morceau de papier en disant que c’était celui des propriétaires :« Appelez-les, ils sont à Kyiv». Nous l'avons récupéré, et plus tard j'appelle - la femme n'en revenait pas que je parlais de son chat! Et elle a dit : «Vous n’imaginez pas à quel point nous l'attendons ! ». Nous arrivons donc à Kyiv et, à ma grande surprise, j’apprends que ce chat est l’animal favori d'un petit garçon de dix ans. Et quand il l'a vu, c'était un tel bonheur ! Car il s’est avéré que l’enfant comptait depuis un an chacun des jours où il ne voyait pas son chat! Il pensait constamment à lui. Il est extrêmement important que les animaux aient la possibilité de retourner chez leurs propriétaires », raconte Yaryna.

TROUVER UN AMI POILU PARMI 300 MAGNIFIQUES CRÉATURES

Des données et des photos d'animaux à la recherche d'un foyer sont publiées sur le site Internet de l'organisation Kharkiv Animal Rescue. Et vous pourrez rencontrer en personne près de trois cents chats au centre de rééducation «Le Petit Prince » et choisir votre futur meilleur ami, membre de votre famille.

Presque tous nos amis à fourrure sont sociabilisés ici, après leur évacuation. Ils sont passés par un traitement, une stérilisation et une quarantaine. La majorité essaie par tous les moyens d'attirer l'attention d'une personne, le chat la regarde dans les yeux, lui fait des câlins, et tend une patte belliqueuse à qui veut aussi se faire prendre dans les bras.

Les soigneurs qui s'occupent des chats travaillent en alternance au centre. Ils savent tout de leurs pupilles : dans le journal de bord sont inscrits, non seulement les « données personnelles » (qui et d'où) et les informations sur les vaccinations, mais aussi les traits de caractère et l'état de santé.

Les locaux sont agrémentés de grands aquariums abritant des poissons exotiques - également évacués il y a plus d'un an. Ils appartiennent à Olena Yakovleva, originaire de Kostyantynivka, dans la région de Donetsk, qui dirige désormais le « Petit Prince ».

« Au début les bénévoles m’ont aidée à évacuer mes poissons. J'avais une animalerie sur le marché près de la gare, principalement des aquariums - une grande collection constituée depuis de nombreuses années qui occupait tous les murs. Et quand un obus est tombé à proximité, je n’ai pas pu le supporter : c’était le mois de février, j'avais des poissons exotiques, s'il n'y a pas de lumière, de chaleur, ils allaient tous mourir », se souvient Olena.

Chaque jour, de 12h00 à 19h00, le centre de rééducation est ouvert aux visiteurs. Selon Olena Yakovleva, le centre accueille des groupes d'enfants d'âge préscolaire, d'écoliers, des familles et même des militaires - et pour tout le monde, sans exception, la communication avec les chats a un effet thérapeutique.

« En fait, je suis médecin de formation, et le destin a fait que maintenant tout est réuni pour moi dans mon travail : à la fois mes connaissances, mon amour pour les gens et mon amour pour les animaux, car nous sommes, en fait, engagé dans la réhabilitation des uns et des autres », note Olena.

Certains viennent non seulement pour se faire plaisir, mais aussi pour ramener un chat à la maison. Selon les employés, les poilus choisissent parfois eux-mêmes leurs propriétaires.

« Pendant que les gens parlaient avec les chats et les choisissaient, un chat est monté tout seul dans la cage de transport. Et c'est tout. Il est reparti avec ces gens-là. Et il arrive aussi que des personnes choisissent un chat sur une photo sur le site, mais quand ils viennent, un autre chat accourt vers eux - et ils le prennent, tenant compte de l'initiative du chat lui-même », explique Olena.

Les soigneurs rappellent également comment une famille est venue chercher un futur animal de compagnie avec les mots : « Donnez-nous un chaton dont personne ne voudra. Un chat malade. » Maintenant, ils nous envoient des photos d’un chat épanoui et bien-aimé, qui était autrefois fragile et triste.

Vivre dans une telle foule de « confrères » est très difficile pour des chats qui étaient le seul animal de la maison depuis leur naissance, raconte Olena Yakovleva. Ils essaient d'aider ces résidents du « Petit Prince » avec des soins discrets.

« Il y a des animaux ici qui sont arrivés chez nous après la mort de leurs propriétaires. Et pour eux, l’adaptation est vraiment très difficile. Parce que l'animal n'a tout simplement jamais vu une telle foule de chats, il ne sait pas ce que c'est que de dominer », explique Olena.

Mais tous ces animaux ont quelque chose en commun : ils aspirent à l’amour. "Animal Rescue Kharkiv" exhorte les Ukrainiens à adopter les chats et les chiens dans des refuges ou au moins à soutenir financièrement leur travail.

« La clinique vétérinaire où nous soignons les animaux fonctionne grâce au soutien du partenariat de PETA Deutschland (Allemagne), qui nous accompagne depuis le début de la guerre. D’une manière générale, beaucoup de ressources sont dépensées. Et nous avons constamment besoin de dons pour continuer à travailler », précise  Yaryna Vintonyuk.

Pour adopter un animal, vous pouvez appeler le +380990416703 (WhatsApp/Viber/Telegram). Vous pouvez soutenir le projet financièrement en utilisant les coordonnées suivantes : compte hryvnia de l'organisation chez « A-Bank », ONG « Rescue of Animals Kharkiv », IBAN UA583077700000026003111184623 ; MonoBank ou PayPal.

Ioulia Bayrachna, Kharkiv

Photo de Viatcheslav Madievskyi


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