Des proches de prisonniers des autorités russes ont rédigé une lettre à Emmanuel Macron
A la veille de la visite du président russe Vladimir Poutine en France, les proches et les familles des ukrainiens arrêtés illégallement en Crimée ont lancé un appel à Emmanuel Macron, le Président de la République française pour lui demander d’évoquer le sujet des prisonniers lors de ses entretiens avec Poutine.
Cette appel a été relayé sur la page Facebook d'Hanna Hopko, députée ukrainienne :
« Voici le texte de l'appel lancé à Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République Française :
Monsieur le Président,
Nous, les familles, collègues et amis des prisonniers politiques du Kremlin, les activistes civils et les défenseurs des droits de l’Homme, nous nous adressons à vous, Monsieur le Président, en raison de la visite à Paris de Vladimir Poutine, prévue pour le 29 mai. Vous allez le recevoir dans un pays qui est devenu pour le monde entier un des exemples du respect des droits et des libertés de l’Homme. Permettez-nous de vous rappeler que Vladimir Poutine se dresse au sommet de la pyramide de la kleptocratie autoritaire et répressive russe, qui exerce un pouvoir arbitraire sur les territoires occupés par la Russie, qui organise des persécutions politiques contre les citoyens ukrainiens.
Oleg Sentsov, Olexandre Koltchenko, Akhtem Tchyigoz, Rouslan Zeytoullaev, Arsen Jepparov, Yevhen Panov, Andriy Zachtiy, Redvan Souleymanov, Volodymyr Prisytch, Dmytro Chtyblikov, Olexiy Bessarabov, Volodymyr Doudka, Olexiy Stogniy, Glib Chabliy, Volodymyr Baloukh… : ceci est loin d’être une liste exhaustive des victimes de persécutions en Crimée. Ces hommes et ces femmes ont subi des tortures et des humiliations, ont été privés de la défense juridique indépendante qui leur était due, sont restés plusieurs mois en prison. Certains d’eux n’ont pas la possibilité de donner des nouvelles, car les avocats indépendants ne sont pas autorisés à aller les voir.
Le 16 mars 2017, le Parlement européen a adopté une résolution sur les prisonniers politiques ukrainiens en Russie et la situation en Crimée. Cette résolution souligne la responsabilité du pouvoir russe dans les persécutions politiques de dizaines d’activistes, dans des arrestations illégales, des tortures et également la violation des droits de l’Homme et de la presse en Crimée. Ces prisonniers politiques du Kremlin sont poursuivis par le Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie pour leur position civile et sont accusés à l’aide de «preuves » falsifiées.
Voici quelques exemples. Dmytro Chtyblikov et Olexiy Bessarabov, arrêtés après avoir été accusé de préparer un acte terroriste en novembre 2016, ont travaillé pendant presque 10 ans pour étudier les problèmes de la sécurité régionale dans le bassin de la mer Noire. Ils rédigeaient des articles pour le magazine «Tchornomorska bespeka » à Sébastopol, dans lesquels ils critiquaient la politique russe. Il est prouvé que Yevhen Panov et Andriy Zachtiy, accusés de sabotage sans aucune preuve, ont aussi subi des tortures. Volodymyr Baloukh a hissé le drapeau ukrainien au dessus de sa maison en Crimée et pour cela, il a été illégalement privé de sa liberté. Plus récemment, le 23 mai 2017, le soi-disant « tribunal du pouvoir d’occupation russe », a prolongé sa durée de détention jusqu’au 4 septembre 2017. Mykola Semena, journaliste de Crimée, qui a coopéré avec «Radio Svoboda », est accusé par le pouvoir russe d’ «exhorter à la violation de l’intégrité territoriale de la Fédération de Russie ». Un des leaders des Tatars de Crimée, Ilmi Oumerov, n’a pas accepté de coopérer avec des occupants. Il est donc fréquemment forcé de subir une expertise psychologique dans les traditions de la psychiatrie politique du régime totalitaire soviétique, tout comme plusieurs autres activistes civils présents en Crimée.
Une ambiance de terreur règne aujourd’hui encore sur la péninsule de la Crimée. Avec des persécutions à l’encontre des représentants de la communauté des experts, des journalistes, des activistes, des leaders du peuple autochtone des Tatars de Crimée, la Russie a confirmé une fois de plus le caractère répressif du pouvoir qu’elle exerce et sa négligence concernant les droits de l'homme et la liberté, de part la discrimination et la persécution de tous ceux qui contestent l'occupation.
Nous sommes tristes que la France et son Président, récemment élu face à la marionnette du Kremlin et véritable incarnation de l’espoir d’une nouvelle Europe, reçoivent une personne dont le régime opprime les citoyens ukrainiens vivant sur les territoires occupés par la Russie. Nous vous exhortons, Monsieur le Président, à exprimer à Vladimir Poutine notre exigeance de libérer tous les otages politiques du Kremlin. Nous vous exhortons également, tout comme les parlementaires européens, à renforcer le régime des sanctions contre la en réponses aux persécutions, à la détention illégale et à la torture de dissidents sur le territoire occupé. Nous espérons que la politique de soutien et de défense des droits et des libertés de l’Homme sera la priorité pour la nouvelle France.
Au nom de l'unité des familles des prisonniers politiques du Kremlin
Igor Kotelianets
Groupe de Crimée de défense des droits de l’Homme
Olga Skrypnyk
L’édition du journal «Tchornomorska bespeka»
Mykhailo Gonchar»
Emmanuel Macron, président de la République Française et Vladimir Poutine, président de la Fédération de Russie doivent se rencontrer en France le 29 mai.
EH