L’ONU dénonce un record inadmissible de violences contre les humanitaires
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), estime que l’année 2024 pourrait être encore plus meurtrière.
Au 7 août, 172 travailleurs humanitaires ont été tués cette année, a souligné l’OCHA, citant le décompte provisoire de la base de données « Aid Worker Security Database », qui remonte à 1997. Plus de la moitié des morts de 2023 (163) sont des humanitaires tués à Gaza lors des trois premiers mois de la guerre entre Israël et le Hamas, principalement dans des frappes aériennes, indiquent également ces données.
Depuis octobre, plus de 280 travailleurs humanitaires ont été tués à Gaza, dont une majorité d’employés de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), selon les Nations Unies.
Le Soudan du Sud, frappé par des violences civiles et intercommunautaires, et le Soudan, où une guerre entre deux généraux rivaux fait rage depuis avril 2023, sont les deux autres conflits les plus meurtriers pour les humanitaires, avec respectivement 34 et 25 morts. En outre, les « niveaux extrêmes de violence » au Soudan et au Soudan du Sud ont contribué à augmenter le nombre de morts en 2023 et 2024.
Au Soudan du Sud par exemple, 267 incidents liés à l’accès humanitaire ont été signalés entre janvier et juillet, dont 135 impliquant des violences directes à l’encontre du personnel et des biens humanitaires, y compris 28 incidents de pillage et de vol. L’escalade de l’insécurité a contraint 15 membres du personnel humanitaire à quitter leur zone d’activité.
En République démocratique du Congo (RDC), cette commémoration revêt une signification particulière, en raison de l’escalade des attaques contre les populations civiles et les acteurs humanitaires, notamment dans l’Est de ce pays de la région des Grands Lacs.
Selon l’OCHA, six travailleurs humanitaires ont été tués et 11 enlevés entre janvier et juin de cette année, avec plus de 200 incidents ayant directement ciblé les humanitaires sur le terrain. « Le souvenir de nos deux collègues tués le 30 juin dernier lors de l’incendie d’un convoi humanitaire par des groupes de jeunes armés à Butembo est encore vif dans nos esprits », a d’ailleurs rappelé, Bruno Lemarquis, Coordonnateur humanitaire de l’ONU en RDC, rappelant que quatre humanitaires ont été tués en 2023.
Outre la RDC, figurent aussi dans le top 10, Israël et la Syrie (sept morts chacun), l’Éthiopie et l’Ukraine (six morts chacun), la Somalie (cinq), et le Myanmar (quatre).
Si le nombre d’humanitaires tués atteint des records, la base de données montre en revanche une diminution du nombre de travailleurs kidnappés en 2023, avec 91 enlèvements. Un chiffre au plus bas depuis cinq ans après le record de 2022 (185).
« La normalisation de la violence contre les travailleurs humanitaires et l’absence reddition des comptes sont inacceptables, inadmissibles et extrêmement préjudiciables aux opérations d’aide partout dans le monde », a déclaré Joyce Msuya, Secrétaire générale adjointe par intérim chargée des affaires humanitaires.
La Journée mondiale de l’aide humanitaire est célébrée chaque année le 19 août, date à laquelle, en 2003, un attentat à la bombe au siège des Nations Unies à Bagdad a tué 22 travailleurs humanitaires, dont Sergio Vieira de Mello, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Iraq.
Chaque année, la commémoration se concentre sur un thème afin de plaider en faveur de la survie, du bien-être et de la dignité des personnes prises dans des crises, ainsi que de la sûreté et de la sécurité des travailleurs humanitaires.
Dans ce contexte, les responsables de plusieurs organisations humanitaires ont également écrit aux États membres des Nations Unies pour leur demander de redoubler d’efforts afin de protéger tous les travailleurs humanitaires, leurs locaux et leurs biens, comme le stipule la résolution 2730 (2024) du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée en mai.
Ils réclament ainsi « la fin des attaques contre les civils, la protection de tous les humanitaires». Les auteurs de ces actes doivent également rendre des comptes, ont-ils ajouté, notant que ceux qui commettent des violations du droit international humanitaire ne peuvent rester impunis.