L’Assemblée nationale a adopté la résolution visant à inscrire le groupe militaire privé Wagner sur la liste des organisations terroristes
Selon Benjamin Haddad, député du groupe politique Renaissance, cette « armée du chaos conforte les régimes despotiques en Afrique et au Moyen-Orient ».
« Au Soudan, en Libye, en Syrie, au service du régime de Bachar al-Assad, dans la guerre d’agression contre l’Ukraine, au Sahel où les intérêts de la France ont été directement visés par des opérations de désinformation, partout où ils s’implantent, les membres du groupe Wagner sèment l’instabilité et la violence. À Moura, à Bakhmout, à Bossangoa, à Boutcha, à Bria, ils assassinent et torturent, ils massacrent et pillent, ils intimident et manipulent dans une impunité quasi totale. Le rôle joué par Wagner dans ces exactions nombreuses a été révélé par des ONG et des journalistes, et je salue la présence de certains d’entre eux dans les tribunes. C’est grâce à leur travail d’investigation courageux et déterminé que l’on peut aujourd’hui avoir ce débat. Non, les membres du groupe Wagner ne sont pas de simples mercenaires attirés par l’appât du gain. Du Mali à l’Ukraine, ils poursuivent une stratégie globale de soutien à la politique d’agression du régime de Poutine contre nos démocraties. Ils sont un instrument de guerre hybride », a-t-il déclaré avant le vote.
M. Haddad a souligné que l’activité du groupe Wagner répondait à la définition européenne du terrorisme : intimider des populations civiles, contraindre indûment des pouvoirs publics, gravement déstabiliser ou détruire des institutions. « À travers cette résolution, nous appelons les autorités européennes à renforcer considérablement leur coopération et leurs instruments judiciaires et financiers pour faire la lumière sur cette organisation tentaculaire et opaque, lutter contre elle et ceux qui rendent ses opérations possibles et mettre fin à ses activités. L’inscription sur la liste des groupes terroristes de l’Union européenne répond à cet objectif », a-t-il noté.
À son tour, Jérôme Buisson, député du groupe politique Rassemblement National, a qualifié le groupe Wagner d’une « arme au service du pouvoir russe qui déstabilise certains pays africains en opérant des prélèvements sur leurs ressources naturelles en guise de rémunération, une arme qui attaque directement les intérêts de la France dans les pays africains, une arme qui pratique la désinformation pour dénigrer l’armée française ». Il a souligné que Wagner attaquait les intérêts français, déstabilisait les pays dans lesquels il intervient et y commettait, selon des experts, des exactions. « Pour tout crime de guerre, nous demandons que soient systématiquement diligentées des enquêtes internationales indépendantes, sous l’égide des Nations unies ou de la Cour pénale internationale (CPI), des enquêtes à même d’établir les responsabilités de ceux qui les perpètrent », a-t-il déclaré.
Présente lors des débats, la ministre française de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a indiqué que le ministère était en train d’étudier la possibilité de renforcer encore les sanctions européennes contre Wagner, tout en développant des instruments additionnels permettant de lutter efficacement contre ses actions déstabilisatrices.