L’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN discutée lors de la réunion de l’Assemblée parlementaire de l'OTAN
Dès son ouverture, vendredi dernier, l’Assemblée s’est engagée à maintenir son soutien à l'Ukraine et en appelant l'Alliance à renforcer son dispositif de défense et de dissuasion face aux menaces de la Russie et à d'autres défis de sécurité de grande ampleur.
Tout en mettant l'accent sur la nécessité de soutenir l'Ukraine et de parer à la menace russe, l'Assemblée a suggéré à l'OTAN des réponses spécifiques à des problématiques allant des défis systémiques posés par la Chine aux campagnes de désinformation visant à saper la démocratie, en passant par les activités perturbatrices de l'Iran et les risques accrus liés à l'insécurité alimentaire mondiale.
« La guerre criminelle menée par la Russie contre Ukraine a rapidement entraîné une dégradation alarmante de la sécurité alimentaire mondiale. Ce raz de marée pourrait ébranler la stabilité mondiale et, ainsi, mettre à l’épreuve la capacité de résistance des pays alliés. Lutter contre la crise de la sécurité alimentaire ne relève donc pas seulement d’un devoir moral, mais il s’agit aussi d’un impératif de sécurité pour l’Alliance », a mis en garde Julie Dzerowicz, membre de la Chambre des communes du Canada, dans un avant-projet de rapport présenté lors de la session de printemps de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN.
La présidente de l'Assemblée, la sénatrice française Joëlle Garriaud-Maylam, a quant à elle mis l'accent sur la menace que représentent les activités de désinformation de la Russie.
« Ces opérations de désinformation ont plusieurs objectifs. Le premier d'entre eux est d'affaiblir les sociétés démocratiques et d'éroder la cohésion sociétale. Les opérateurs de désinformation russes tentent d'identifier et d'exacerber les lignes de fracture qui existent au sein de nos pays et entre nos pays », a-t-elle déclaré à la commission sur la démocratie et la sécurité de l'Assemblée. « Leur deuxième objectif est de saper la confiance des citoyens alliés dans la démocratie, notamment en ciblant les institutions et les processus électoraux ».
Mme Garriaud-Maylam a proposé aux gouvernements des pays membres de l'OTAN toute une série de mesures possibles pour contrer ces menaces, notamment l’allocation de ressources supplémentaires pour la surveillance et la mise en place de contre-mesures, des sanctions ciblant les principaux acteurs de l'écosystème de désinformation du Kremlin, la création d'un centre pour la résilience démocratique au siège de l'Alliance, le lancement des campagnes d'éducation et de formation aux médias afin d’aider les citoyens à détecter les fausses nouvelles, ainsi que le financer, au sein des pays de l'OTAN, des médias publics qui fournissent des alternatives factuelles et objectives à la désinformation russe, en particulier en Afrique, en Amérique latine et au Moyen-Orient.
Concernant l’avenir de l’Ukraine au sein de l’OTAN, le parlementaire lituanien Audronius Azubalis a estimé dans son discours que le maintien d'une politique de la porte ouverte pour les pays démocratiques qui cherchent à adhérer à l'Alliance défensive, quelle que soit la pression exercée sur elles par les puissances extérieures, constituait un élément clé de l’adaptation de l’OTAN. Il a salué l'entrée de la Finlande à l'OTAN en avril dernier et a appelé les Alliés à entériner rapidement l'adhésion de la Suède.
« Ces deux adhésions enverront également un message clair à Poutine et à son régime terroriste : en envahissant l’Ukraine à grande échelle, ils ont complètement échoué dans leur objectif déclaré, à savoir bloquer et faire reculer l’élargissement de l’OTAN », a-t-il déclaré.
L'Ukraine devrait également se voir ouvrir une voie claire vers l'adhésion à l'OTAN lorsque les dirigeants des pays alliés se réuniront pour leur sommet à Vilnius en juillet, a ajouté M. Azubalis. « L'Ukraine prouve sur le champ de bataille qu'elle appartient à la communauté euroatlantique des démocraties, en payant le prix ultime pour la protéger », a-t-il déclaré : « Pour que le futur cadre de sécurité européen soit solide et durable, l'Ukraine doit devenir membre de l'OTAN ».