Stéphane Séjourné : Il nous faut parler la même langue que la Russie, celle du rapport de force
Dans une interview accordée à LaTribune, le chef de la diplomatie française a également exprimé ses inquiétudes face à la politique agressive et expansionniste de la Russie face à l’Ukraine, mais aussi face à l’Europe.
« L'histoire nous donne quelques exemples de l'impasse des stratégies du recul et de la faiblesse. Ceux qui, en mai 1939, ne voulaient pas mourir pour Dantzig n'ont fait que stimuler Hitler. Si je pense que l'Histoire ne se répète pas, il ne faut pas répéter les erreurs de l'Histoire. Je vois bien que des partis politiques nationalistes en Europe utilisent la même réflexion, les mêmes mots sous couvert d'un pacifisme qui n'est qu'un renoncement. Mais comment penser que face à une puissance qui est expansionniste et, je pèse mes mots, un pays impérialiste, on puisse se permettre de faire un pas de côté ? Je crois que ce serait justement lui donner la possibilité d'en profiter pour avancer. Il nous faut parler la même langue que la Russie, celle du rapport de force. Nous sommes très naïfs de penser que nous devrions nous fixer nos propres interdits, alors que c'est la Russie qui viole le droit international et tente d'imposer quelle doit être la politique étrangère des pays européens. L'Histoire nous a montré que, quand les pays se laissent dicter leur politique étrangère par un pays impérialiste qui considère qu'il n'a pas de frontière limitée, eh bien on peut risquer un embrasement », a-t-il déclaré, estimant que résister à la Russie veut dire protéger la France et les Français.
Le ministre s’est exprimé également au sujet de la réunion qui s’était déroulée à Vilnius cette semaine et à laquelle il avait participé avec ses homologues ukrainien, estonien, letton et lituanien.
« Ce qui était attendu à Vilnius, c'était de faire un point avec les pays Baltes, mais aussi avec mon homologue ukrainien, Dmytro Kuleba, pour que nous puissions entendre ensemble ses attentes et ses besoins », a-t-il affirmé.
Selon Stéphane Séjourné, tous les Européens, tous les alliés de l'Ukraine convergent vers la nécessité de faire plus et mieux, malgré les difficultés dont Kyiv fait face actuellement sur la ligne de front.
« Tout le monde s'accorde pour dire que cette crise a déjà eu des conséquences pour les Français et pour les Européens sur le prix de l'énergie et le pouvoir d'achat, et que cela serait bien pire si l'Ukraine venait à s'effondrer ou la Russie, à l'emporter. La Russie ne doit donc pas et ne peut donc pas gagner », a-t-il conclu.