Le Pape François exhorte à convertir les dépenses militaires en aide humanitaire
Il est revenu sur une des plus grandes préoccupations de son magistère: la construction de la paix, les efforts que cela exige, un engagement social, et le changement de paradigme des institutions internationales des armes vers les besoins urgents des peuples en difficulté.
«Il est de notre responsabilité de contribuer à éradiquer la haine et la violence des cœurs. Nous encourageons le dépôt des armes, la réduction des dépenses militaires au profit des besoins humanitaires, la transformation des instruments de mort en instruments de vie.»
De la nourriture, de l'eau, un abri, l'éducation, la santé, et la protection. C'est ce que les organisations humanitaires offrent dans la plupart des situations où les populations sont fragilisées, en danger ou dans la misère. La Journée mondiale de l'aide humanitaire, instituée par l'Assemblée générale des Nations unies en 2008, rend hommage au courage et au dévouement des travailleurs humanitaires du monde entier. Le thème choisi cette année est "Peu importe qui, peu importe où, peu importe quoi", que l’on peut retrouver sur le site internet de l’ONU dédié à cette Journée. Plus de 130 millions de personnes sont actuellement en situation de crise, en raison de guerres ou de catastrophes naturelles, et ont besoin d'une aide humanitaire.
Aujourd'hui, les opérations humanitaires dans le monde touchent dix fois plus de personnes qu'il y a vingt ans, peut-on lire dans le message du secrétaire général de l'ONU, António Guterres, publié à l'occasion de cette journée. Il s'agit d'apporter une aide vitale à 250 millions de personnes dans 69 pays. «Alors que les crises se multiplient, il est inacceptable que les travailleurs humanitaires soient contraints de réduire l'aide apportée à des millions de personnes dans le besoin», dénonce-t-il, tout en observant que les tensions géopolitiques se sont accrues au cours des deux dernières décennies. Il existe «un mépris flagrant du droit international humanitaire et des droits de l'homme, des campagnes de désinformation et des agressions délibérées». L'humanitaire lui-même", affirme-t-il, «est aujourd'hui attaqué».
Dans ce contexte, cependant, des défis ont rendu la communauté humanitaire mondiale plus forte, souligne le message de la Journée. «Les humanitaires, qui sont pour la plupart des employés nationaux travaillant dans leur propre pays, sont encore plus proches des personnes qu'ils servent. Ils trouvent de nouveaux moyens de s'aventurer plus profondément dans les régions frappées par les catastrophes et plus près des lignes de front des conflits, animés par un seul but: sauver et protéger des vies».
«Aujourd'hui, notre monde est confronté à trois menaces principales: l'inégalité croissante, la multiplication des conflits et l'urgence climatique. Les travailleurs humanitaires doivent répondre à des situations d'urgence de plus en plus complexes et à des crises prolongées», déclare Alistair Dutton, secrétaire général de Caritas Internationalis. «Nos travailleurs humanitaires sacrifient chaque élément de leur personne, leur sécurité, pour servir les plus vulnérables et veiller à ce que leurs droits humanitaires leur soient garantis. Ils sont présents avant, pendant et longtemps après chaque catastrophe», souligne Caritas dans un communiqué.
Et de préciser: «Les personnes que nous servons ne sont pas de simples bénéficiaires de l'aide humanitaire, mais elles sont au centre de notre action», soulignant que tous les besoins sont pris en compte: matériels, sociaux, psychologiques et spirituels, dans une perspective intégrale. «Dans des pays déchirés par la guerre comme l'Ukraine ou la Syrie, les travailleurs humanitaires continuent de travailler même si leurs proches ont été tués ou enlevés, ou si leurs maisons ont été détruites et qu'ils sont eux-mêmes déplacés». Alistair Dutton rapporte qu’après le tremblement de terre en Syrie et en Turquie du 6 février dernier, «de nombreux membres du personnel de Caritas Anatolie ont été contraints de dormir dans leur voiture, mais ils n'ont jamais cessé de distribuer de l'aide». Pourtant, constate amèrement le secrétaire général, le dévouement se heurte malheureusement aux nombreuses crises, souvent oubliées, comme en Éthiopie, où plus de 20 millions de personnes risquent de mourir de faim, à l'extrême pauvreté et au manque d'attention de la part de la communauté internationale.